À la fin des années 1960, un ingénieur fonde une ville sur un territoire prétendument vierge. Il a rêvé cette ville intensément, il veut qu'elle change la vie, respecte la nature, invente le futur et fasse advenir tout un monde nouveau. Il la baptise Sophia-Antipolis.Seulement rien ne vieillit plus vite que le futur.Seulement aucun territoire n'est jamais vide de passé.Seulement les rêves, à devenir réels, prennent des tours inattendus.En s'attachant à six personnages fictifs ou réels, en remontant les liens d'amour, de filiation et d'amitié noués autour de Sophia-Antipolis, ce «roman topographique» incarne les histoires irréconciliables d'une cité qui se voulait idéale.
«Des bâtiments naissent et la forêt recule. Les hautes forêts de Sophia-Antipolis, où les feuillages scellaient le ciel, où les sentiers glissaient dans le silence figé d'un autre monde, où on ne voyait, derrière les arbres, que d'autres arbres et d'autres arbres encore, ces forêts s'amenuisent, deviennent interstices, remblais, talus. Des bâtiments naissent et Sophia-Antipolis marche sur ce qu'elle voulait préserver.»
L'intrigue de ce livre commence le 1er janvier 1981 et s'achève le 31 décembre de la même année. Avec quarante ans de recul, le narrateur se remémore sa vie d'étudiant cette année-là, ses relations amoureuses hésitant entre des figures contrastées de la féminité - dont celle qui lui fit vivre la douche écossaise d'un grand amour - mais aussi les hésitations du pays, autour de l'élection de François Mitterrand, entre les utopies de la gauche et le spectre du totalitarisme communiste brandi par la droite.
Le narrateur évoque également ses lectures datant de cette époque : la mythologie gréco-latine, qu'une amante d'un soir l'invite à mieux connaître ; et les « cent plus beaux textes écrits en français », dont un libraire carburant au Pouilly-Fumé s'attache, soir après soir, à dresser l'impossible liste.
Entremêlant une succession de plongées dans la mémoire du narrateur et de relecture des grands mythes antiques, le récit dessine par petites touches son thème profond : la construction du récit historique, sanctuaire de papier constitué d'un bric-àbrac de légendes et de souvenirs, tous plus fallacieux les uns que les autres. Il se termine dans le vertige identitaire qui en découle et que tentent de fixer nos fragiles constructions biographiques : qui sommesnous ? Que savons-nous de nous, en dehors du récit par lequel nous nous racontons ? Nous est-il possible de nous rencontrer hors des illusions du langage ?
Que devient un amour lorsqu'il ne trouve pas de lieu où se poser, se reposer?? Peut-il durer, sans attaches, sans cette stabilité qui finit par le fortifier. C'est la question que pose Karen Haddad dans ce beau roman. Marianne et Salomon s'aiment. D'un amour violent, qui bouscule tout sur son passage. Lorsqu'ils se rencontrent, c'est une évidence. Commence alors le début d'une histoire, de leur histoire, faite de rendez-vous romanesques, d'itinéraires secrets, de lieux éphémères. Tout est prétexte à retrouvailles : les gares, les aéroports, les villes étrangères, les hôtels accueillants. Ils courent toujours l'un vers l'autre, s'envoient des milliers de messages, se téléphonent. Les liens qui les attachent restent dans cet espace de liberté apparente où tout est léger, extraordinaire. Mais bientôt l'exaltation des débuts laisse la place au manque et à une certaine frustration. Ils sont faits l'un pour l'autre mais sont-ils l'un avec l'autre?? L'absence de choix, car il s'agit bien de cela, les alourdit, entrave leurs élans. Ils ont tous les deux des raisons de ne pas franchir le pas. Leurs parcours, le poids du passé, la peur de fixer un amour qui n'existe que dans l'illégitimité, toutes ces explications rationnelles nous sont données, comme pour tenter de comprendre l'énigme de Marianne et Salomon.
Xavier Lemercier, agent immobilier, trouve au hasard d'une visite d'appartement un mystérieux télescope ayant appartenu à un célèbre astronome. Voilà bientôt qu'il cadre dans l'instrument, depuis son balcon, une femme derrière une fenêtre, sans oser, bien sûr, l'aborder. Divorcé et esseulé, avec pour seules joies ses week-ends avec son jeune fils, il commence à tomber amoureux de l'inconnue. Un jour, Alice, la femme observée, pousse la porte de l'agence immobilière pour lui demander d'expertiser son appartement.Deux cent cinquante ans plus tôt, Guillaume Le Gentil de la Galaisière,astronome de Louis XV - personnage qui a réellement existé -, partait vers les Indes pour observer l'exceptionnel passage de Vénus devant le Soleil. Il revint onze ans plus tard, déclaré mort et sans avoir pu observer l'éclipse. «Tu ne cherches pas une étoile, tu cherches l'amour, tu le trouveras à la fin du voyage», lui dit un vieux sage durant son étonnant périple dans les mers de l'Inde.Du XXI? au XVIII? siècle, les trajectoires de ces deux hommes romantiques s'entrecroisent et se répondent.Entre le récit d'aventures et le conte philosophique sur la quête de soi, Antoine Laurain signe un roman qui répond au besoin d'évasion et de merveilleux qui sommeille en chacun de nous.
Au château, il y a le père, vieux lion du cinéma français et gloire nationale. Il y a la jeune épouse, ex-Miss Provence-Alpes-Côte d'Azur, entièrement dévouée à sa famille et à la paix dans le monde. Il y a les jumeaux, la demi-soeur. Quant à l'argent, il a été prudemment mis à l'abri sur des comptes offshore.
Au château, il y a aussi les domestiques. L'intendante, la nurse, le coach, la cuisinière, le jardinier, le chauffeur. Méfions-nous des domestiques. Surtout si l'arrêt mondial du transport aérien cloue au sol les avions et nous tient dangereusement éloignés de nos comptes offshore.
Quand Stalen Igrouïev arrive à Moscou dans les années quatre-vingt-dix, il rêve comme tant d'autres de devenir écrivain. Mais il est plus enclin à passer du temps auprès des femmes et à s'adonner à la boisson qu'à se mettre véritablement à écrire.Puis il rencontre celle qui l'inspirera:Phryné. Femme-monde, initiatrice de trente ans son aînée et miracle de la nature, elle devient une compagne idéale et sa muse, et va bouleverser le cours de son existence.Rythmé par mille rebondissements et mené par une voix irrésistible pleine d'humour, ce roman picaresque se lit tout à la fois comme la déclaration d'un amour éternel et une réflexion sur ce qu'est la vie d'un écrivain. Mais il brosse également un formidable tableau de la Russie de la seconde moitié du XX? siècle, dans sa violence et ses excès, qui résonne particulièrement aujourd'hui.
En 2018, Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais, découvre à Paris un livre mythique, paru en 1938 : Le labyrinthe de l'inhumain. On a perdu la trace de son auteur, qualifié en son temps de « Rimbaud nègre », depuis le scandale que déclencha la parution de son texte. Diégane s'engage alors, fasciné, sur la piste du mystérieux T.C. Elimane, se confrontant aux grandes tragédies que sont le colonialisme ou la Shoah. Du Sénégal à la France en passant par l'Argentine, quelle vérité l'attend au centre de ce labyrinthe ?
Sans jamais perdre le fil de cette quête qui l'accapare, Diégane, à Paris, fréquente un groupe de jeunes auteurs africains : tous s'observent, discutent, boivent, font beaucoup l'amour, et s'interrogent sur la nécessité de la création à partir de l'exil. Il va surtout s'attacher à deux femmes : la sulfureuse Siga, détentrice de secrets, et la fugace photojournaliste Aïda...
D'une perpétuelle inventivité, La plus secrète mémoire des hommes est un roman étourdissant, dominé par l'exigence du choix entre l'écriture et la vie, ou encore par le désir de dépasser la question du face-à-face entre Afrique et Occident. Il est surtout un chant d'amour à la littérature et à son pouvoir intemporel.
Lui, c'est dad, daddy, l'exquis pater familias profilé pour la tendresse et l'autorité, il drive sans effort une famille lourde d'une épouse, d'un fils et d'une fille, petit capital humain qu'il emmagasine, au temps des vacances, dans de robustes conduites intérieures.
Le jour, il virevolte dans l'espace de sa pharmacie où s'affaire avec célérité sa compétence préparatrice, henriette, dans laquelle, entre l'heure de la reprise et un plat de lentilles, il aime à s'enchâsser fugacement. confit dans un petit bonheur moelleux et préservé, il égrène sa petite vie de vivant, nappée de confort, persillée de petites brouilles, réglée comme une pendule. tout cela aurait pu durer, durer, mais.
« J'allais conjurer le sort, le mauvais oeil qui me collait le train depuis près de trente ans. Le Voyant d'Étampes serait ma renaissance et le premier jour de ma nouvelle vie. J'allais recaver une dernière fois, me refaire sur un registre plus confidentiel, mais moins dangereux. » Universitaire alcoolique et fraîchement retraité, Jean Roscoff se lance dans l'écriture d'un livre pour se remettre en selle : Le voyant d'Étampes, essai sur un poète américain méconnu qui se tua au volant dans l'Essonne, au début des années 60. A priori, pas de quoi déchaîner la critique. Mais si son sujet était piégé ? Abel Quentin raconte la chute d'un anti-héros romantique et cynique, à l'ère des réseaux sociaux et des dérives identitaires. Et dresse, avec un humour délicieusement acide, le portrait d'une génération.
« Qui a approché vraiment les Wexler ? Qui a vécu chez eux ? Qui a surtout disparu avec eux ? Seule Aurore en sait plus que moi, bien plus. Mais tous deux, nous avons failli être absorbés voire digérés par le singulier organe qu'était cette famille. » La veille de la rentrée scolaire, la famille Wexler s'installe dans une villa reculée, nichée entre collines et sapins. Le père, personnage charismatique, est le nouveau professeur de français de Mathias, 16 ans. L'adolescent va côtoyer les enfants de cet étrange clan. Il y a Karl, qui ne se sépare jamais de sa carabine. Cheyenne, qui passe son temps à cheval. Et Charlotte, la camarade de classe de Mathias, dont il s'éprend. Alors que les deux jeunes gens vivent un premier amour lumineux, une relation trouble se noue entre monsieur Wexler et l'une de ses élèves.
Vingt ans plus tard, Mathias est de retour dans sa ville natale. Il «?redouble son adolescence?» et replonge dans les zones obscures de son passé.
Découvrez l'incipit de Villa Wexler :
Les Prières réunit trois romans inédits en français : Le Fleuve, Paolina, Proviseur.
Dans Le Fleuve, Alessandro erre la nuit à la recherche de l'homme qui a sauvé son fils de la noyade. Paolina chemine seule dans la ville à la recherche des trois hommes avec qui elle a fait l'amour. Elle a quinze ans, trois roses à la main données par une Tsigane, et elle a jusqu'au soir pour savoir si elle gardera ou non l'enfant qu'elle porte. Dans un triste lycée de banlieue, un proviseur, qui s'est rêvé écrivain, se retranche dans son bureau avec deux otages et son fusil de chasse. Chacun des protagonistes de cette nouvelle trilogie romaine prie pour que change le cours de son existence. Ils ont tous le dos au mur, « à la recherche de quelque chose de plus grand qu'eux », écrit Lodoli dans sa préface à l'édition française. Dans l'impasse, ils n'ont rien sinon leur extrême « pauvreté » qui les protège et les sauve. L'important, c'est le chemin parcouru, jalonné de rencontres édifiantes, grotesques, drôles, généreuses, nécessaires. On ira à la fête des vieux enfants, on sauvera une vie dans la nuit, on croisera une lignée de cartomanciennes, un musicien punk, un escrimeur, un orphelin africain, un Dieu pas très catholique au téléphone, des prostitué(e)s, un sanglier blessé, des amours perdus.
Peu de temps avant la parution d'En ménage, Huysmans écrivait à son ami Théodore Hannon (lettre du 10 février 1881) : Je suis très inquiet avec mon damné volume. Il est si différent, si bizarre, si intimiste, si loin de toutes les idées de Zola, que je ne sais vraiment si je ne vais pas faire un vrai four. C'est du naturalisme assez neuf, je crois. Mais dame, le terre à terre de la vie et le dégoût de l'humaine existence ne seront peut-être que peu goûtés par ce sacré public. Enfin c'est poivré en diable et ça attaque tout ce qui est respectable, donc j'ai des atouts.
En ménage divisa la critique et resta l'un des romans préférés de son auteur.
Les destins d'une jeune archéologue, dévoyée en trafiquante d'antiquités, et d'un pompier syrien, devenu fossoyeur, se heurtent à l'expérience de la guerre. Entre ce qu'elle déterre et ce qu'il ensevelit, il y a l'histoire d'un peuple qui se lève et qui a cru dans sa révolution. Variation contemporaine des "Oresties", un premier roman au verbe poétique et puissant, qui aborde avec intelligence les désenchantements de l'histoire et "le courage des renaissances". Un hommage salutaire aux femmes qui ont fait les révolutions arabes.
Une histoire d'espoirs fous et de désirs, dans un XIXe siècle dominé par les interdits.
Cécile Coulon nous plonge dans les affres d'un mariage arrangé comme il en existait tant au XIXe siècle. À dix-huit ans, Aimée se plie au charme froid de Candre Marchère, un riche propriétaire terrien du Jura. Pleine d'espoir et d'illusions, elle quitte sa famille pour le domaine de la Forêt d'Or. Mais très vite, elle se heurte au silence de son mari, à la toute-puissance d'Henria, la servante. Encerclée par la forêt dense, étourdie par les cris d'oiseaux, Aimée cherche sa place. La demeure est hantée par le fantôme d'Aleth, la première épouse de Candre, morte subitement peu de temps après son mariage. Aimée dort dans son lit, porte ses robes, se donne au même homme. Que lui est-il arrivé ? Jusqu'au jour où Émeline, venue donner des cours de flûte, fait éclater ce monde clos. Au fil des leçons, sa présence trouble Aimée, éveille sa sensualité. La Forêt d'Or devient alors le théâtre de désirs et de secrets enchâssés.
Seule en sa demeure est une histoire de domination, de passions et d'amours empêchés.
Le roman haletant d'une autrice confirmée.
Depuis l'enfance, une question torture le narrateur :
- Qu'as-tu fait sous l'occupation ?
Mais il n'a jamais osé la poser à son père.
Parce qu'il est imprévisible, ce père. Violent, fantasque. Certains même, le disent fou. Longtemps, il a bercé son fils de ses exploits de Résistant, jusqu'au jour où le grand-père de l'enfant s'est emporté : «Ton père portait l'uniforme allemand. Tu es un enfant de salaud ! ».
En mai 1987, alors que s'ouvre à Lyon le procès du criminel nazi Klaus Barbie, le fils apprend que le dossier judiciaire de son père sommeille aux archives départementales du Nord. Trois ans de la vie d'un « collabo », racontée par les procès-verbaux de police, les interrogatoires de justice, son procès et sa condamnation.
Le narrateur croyait tomber sur la piteuse histoire d'un « Lacombe Lucien » mais il se retrouve face à l'épopée d'un Zelig. L'aventure rocambolesque d'un gamin de 18 ans, sans instruction ni conviction, menteur, faussaire et manipulateur, qui a traversé la guerre comme on joue au petit soldat. Un sale gosse, inconscient du danger, qui a porté cinq uniformes en quatre ans. Quatre fois déserteur de quatre armées différentes. Traître un jour, portant le brassard à croix gammée, puis patriote le lendemain, arborant fièrement la croix de Lorraine.
En décembre 1944, recherché par tous les camps, il a continué de berner la terre entière.
Mais aussi son propre fils, devenu journaliste.
Lorsque Klaus Barbie entre dans le box, ce fils est assis dans les rangs de la presse et son père, attentif au milieu du public.
Ce n'est pas un procès qui vient de s'ouvrir, mais deux. Barbie va devoir répondre de ses crimes. Le père va devoir s'expliquer sur ses mensonges.
Ce roman raconte ces guerres en parallèle.
L'une rapportée par le journaliste, l'autre débusquée par l'enfant de salaud.
« Quoi que l'on fasse, de quelque partie que l'on vienne, le village se cache, ne se montre pas de loin. C'est un village tout plié sur lui-même, en boule la tête dans le cul, comme un chat endormi. Au milieu coule une rivière. C'est-à-dire qu'elle était au milieu, avant qu'il soit désaxé, le village, étendu vers le sud pour les nouvelles constructions. Ici, au village, on en trouve comme cela, qui disent à présent qu'il faut sauver la Terre. Sauver la Terre, je veux bien moi, mais qui nous sauvera, nous ? ».
De jeunes citadins, pétris de certitudes, se sont installés dans un village de la France profonde afin d'y organiser une « grande fête participative ». Entre eux et les paysans, le choc est inévitable, le drame annoncé.
Roman féroce et plein d'humanité sur le nouveau monde rural que s'approprient les urbains, modifiant ses règles et bouleversant ses coutumes ancestrales, Campagne est une réflexion profonde sur le désarroi des hommes et la puissance de la nature. On retrouve le style grinçant et la langue de Matthieu Falcone, l'auteur d'Un bon Samaritain.
Il pleut presque sans cesse, dans la vaste cité psychiatrique isolée de tout. Le long des rues obscures, entre les vieux bâtiments, errent infirmiers, malades et policiers, ainsi que d'autres créatures au statut incertain. Le pouvoir médical et politique continue à s'exercer sur les hospitalisés de basse catégorie, et, bien que rusant et mentant en permanence, malades et morts obéissent.
Toutefois, cet ordre immuable est remis en cause par une menace : Monroe, un dissident exécuté des années plus tôt, envoie depuis l'au-delà des guerrières ayant pour mission de rétablir la logique du Parti et le cours naturel de l'Histoire.
Breton et son acolyte, qui pourrait tout aussi bien être son double, ont la charge de débusquer les revenantes, au moyen d'une lunette spéciale. Mais rapportent-ils bien ce qu'ils voient ? Dans la pénombre, il n'est pas facile de distinguer un mort d'un vivant... Et les sentiments ont une logique qui n'est pas forcément celle de l'État.
Après plusieurs années d'absence, un homme resurgit dans la vie de sa compagne et de leur jeune fils. Il les entraîne aux Roches, une vieille maison isolée dans la montagne où lui-même a grandi auprès d'un patriarche impitoyable. Entourés par une nature sauvage, la mère et le fils voient le père étendre son emprise sur eux et édicter les lois mystérieuses de leur nouvelle existence. Hanté par son passé, rongé par la jalousie, l'homme sombre lentement dans la folie. Bientôt, tout retour semble impossible.
Après Règne animal, Jean-Baptiste Del Amo continue d'explorer le thème de la transmission de la violence d'une génération à une autre et de l'éternelle tragédie qui se noue entre les pères et les fils.
Quand il n'est pas sur un ring à boxer, Max Le Corre est chauffeur pour le maire de la ville. Il est surtout le père de Laura qui, du haut de ses vingt ans, a décidé de revenir vivre avec lui. Alors Max se dit que ce serait une bonne idée si le maire pouvait l'aider à trouver un logement.
D'oncle raconte l'histoire d'un oncle. D'un homme-limite jamais grandi, coincé depuis cinquante ans quelque part en enfance et au bord de la mer, au bout du monde. À la faveur de circonstances exceptionnelles, d'une réclusion forcée peut-être, la narratrice est amenée à observer de près cet homme à l'hygiène douteuse, aux manies bizarres, à la santé défaillante, aux proportions anormales, définitivement trop petit, trop gros et trop boiteux pour ce monde. Elle lui tourne autour, tente d'éclaircir ce qui a tout l'air d'un mystère, bute sur de grands pans d'oubli familial, sur les tracasseries d'un quotidien impossible et d'un avenir incertain. Elle spécule. Se livre à un nécessaire délire au contact de cet oncle planté là comme un défi à toute espèce de conformité. En filigrane, c'est le portrait d'une famille et d'une époque qui se dessine. Biscornues comme toutes les familles et toutes les époques. ou disons un peu plus. Mais il faudra se garder des conclusions hâtives. Ce petit brin d'oncle traîne la patte sur une frontière ténue. Avec ce premier roman, Rebecca Gisler propose une écriture entomologiste, intriguée et amusée, qui vise à faire le tour d'un sujet aussi étrange que fascinant : un oncle.
« Il ne faut pas sous-estimer la rage de survivre. » Amélie Nothomb.
Amélie Nothomb est née à Kobé en 1967. Dès son premier roman Hygiène de l'assassin paru en 1992, elle s'est imposée comme une écrivaine singulière. En 1999, elle obtient avec Stupeur et tremblements le Grand Prix de l'Académie française.
Premier sang est son 30e roman.
Il est l'Ulysse aux milles ruses de l'art moderne, le Français le plus connu de l'époque à New York. Mais pour l'heure, c'est juste un mince jeune homme au complet froissé. Nous sommes le 9 septembre 1918 et Marcel Duchamp débarque à Buenos Aires. Il cherche une Arcadie, un rivage un peu ouaté qui assourdisse le boucan de la guerre. Il va y passer neuf mois. Le peu que l'on sait de son séjour, c'est qu'il ne parle pas un mot ou presque d'espagnol, travaille en pointillés sur son Grand Verre et se met à jouer aux échecs, jour et nuit. Mais ce que Duchamp ne sait pas lorsqu'il arrive, c'est que la Buenos Aires de 1918 parle mille langues, raffole des sciences occultes, ignore encore le cubisme et s'apprête à connaître la plus grande insurrection ouvrière de son histoire. Ce récit littéraire raconte un « blanc » biographique, où la fiction est appelée à la rescousse là où manquent les documents.
Jusqu'à imaginer les desencuentros, les rendez-vous manqués de Duchamp avec quelques-unes des plus grandes figures argentines de l'époque, dont Jorge Luis Borges.
Après trente-six ans, Zuckerman l'écrivain retrouve Seymour Levov dit « le Suédois », l'athlète fétiche de son lycée de Newark. Toujours aussi splendide, Levov l'invincible, le généreux, l'idole des années de guerre, le petit-fils d'immigrés juifs devenu un Américain plus vrai que nature.
Le Suédois a réussi sa vie, faisant prospérer la ganterie paternelle, épousant la très irlandaise Miss New Jersey 1949, régnant loin de la ville sur une vieille demeure de pierre encadrée d'érables centenaires : la pastorale américaine.
Mais la photo est incomplète, car, hors champ, il y a Merry, la fille rebelle. Et avec elle surgit dans cet enclos idyllique le spectre d'une autre Amérique, en pleine convulsion, celle des années soixante, de sainte Angela Davis, des rues de Newark à feu et à sang...
Passant de l'imprécation au lyrisme, du détail au panorama sans jamais se départir d'un fond de dérision, ce roman de Philip Roth est une somme qui, dans son ambiguïté vertigineuse, restitue l'épaisseur de la vie et les cicatrices intimes de l'Histoire.