Vaste enquête à travers la Russie d'aujourd'hui, Ôtez-moi ma médaille de chien se veut avant tout un hommage au combat acharné de quatre hommes confrontés - chacun à son époque - aux ravages de l'autocratie. Mais faire se côtoyer les destins du poète et romancier Mikhaïl Lermontov (1814- 1841), de Vladimir Tan Bogoraz (1865-1936), révolutionnaire et pionnier de l'anthropologie, de l'écrivain anarchiste Victor Serge (Viktor Lvovitch Kibaltchitch ;1890-1977), antistalinien, auteur de S'il est minuit dans le siècle, et d'Anatoli Martchenko (1938-1986), l'un des derniers intellectuels russes à être mort en détention au Goulag, c'est aussi proposer une histoire informelle - encore que remarquablement documentée - de l'opposition à l'absolutisme russe sous toutes ses formes, de Catherine II à Vladimir Poutine.
Enfin, à travers quatre « pèlerinages » de l'auteur - au Tatarstan, au Caucase, en Oural et jusqu'aux lointaines rives de la Kolyma -, c'est à la rencontre de « héros de notre temps » que le lecteur est invité.
En 2012, La Terre est l'oreille de l'ours s'offrait comme une célébration du Vivant où notations en forêt, spéculations et remémorations se conjuguaient avec une mosaïque de lectures brassant sciences naturelles, environnement, éthologie, psychologie, poésie, spiritualité et anthropologie. Cinq ans plus tard, L'île où les hommes implorent s'attache, le temps de quatre saisons, à inventorier les éléments constitutifs d'une rapide dégradation des conditions de vie sur la planète Terre. D'où son sous-titre : « Chronique d'un désastre amorcé ».
Mû par une inquiétude que chaque mois s'emploie à confirmer, l'auteur n'en ressent que plus fort l'urgence d'explorer la palette des prodiges recelés par le monde qui s'étiole - ce à travers quatre entités géographiques : le territoire traditionnel des Innus du Québec-Labrador, l'île du Sud de la Nouvelle- Zélande, l'île cycladique de Sifnos et la campagne vaudoise où l'ancien Parisien a choisi de s'établir.
De lieux en peuples aimés, Jil Silberstein dit la splendeur d'un rituel particulier aux Nuu-chah-nulth de l'île de Vancouver, les prouesses d'une araignée (le Pholque phalangide), les enjeux du Pléistocène, l'exploration du Pacifique. Il s'initie à la dérive des continents. Sonde les motifs d'un marbre antique du sanctuaire de Delphes. Retrouve au coeur de la forêt subarctique le peuple innu dépossédé par le colonialisme. Célèbre l'écrivaine américaine Annie Dillard, le Tao te king et son cher Joachim Du Bellay.
D'une telle démarche « tous azimuts » résulte l'irrésistible goût d'observer à son tour. Et de chérir ce qui peut l'être encore.
Les voyageurs occidentaux les ont rencontrés sur la Route de la Soie, ils ont fourni bon nombre d'hommes et quelques généraux au redoutable Gengis Khan, on dit même qu'ils sont les descendants des Huns... Les Touvas, ce peuple de nomades éleveurs, fervents de chamanisme et convertis au bouddhisme, ont marqué une forte résistance envers leurs grands voisins russes et chinois et leur volonté de centralisation et de sédentarisation. Précipitée dans le bloc soviétique, la République de Touva proclame sa souveraineté et se dote d'une constitution au moment où l'Union Soviétique s'effondre, mais sans pouvoir vraiment fausser compagnie à la Fédération de Russie... Portrait inédit d'un peuple, ce livre est un fabuleux voyage aux confins de l'Europe et de l'Asie, en hommage à une culture millénaire.
Jadis dénommés " Caraïbes " ou " Galibis ", les Kali'na comptent parmi les six nations amérindiennes qui vivent sur le sol français.
Ces " Indiens de France " sont-ils à part entière des citoyens de la République ? Depuis le XVIIe siècle, date de leur première rencontre avec les Français, ils ont vécu une histoire tissée de violences, de préjugés, de discriminations et de malentendus qui perdurent encore aujourd'hui. Leur univers et leur culture demeurent méconnus. Jil Silberstein, l'auteur de Innu, nous ouvre l'intimité d'une famille kali'na d'aujourd'hui, les Thérèse.
Emblématiques du conflit permanent qui oppose tradition et modernité, les voix de ces hommes et femmes nous révèlent le portrait pudique d'une culture - celle du bassin amazonien -, ses traditions et cérémonies, ses valeurs et sa conception de l'existence. Ces voix disent aussi les souffrances, les difficultés, mais surtout une fierté retrouvée, un combat pour la reconnaissance des droits ancestraux d'un peuple sur sa propre terre.
La Révolution roumaine de décembre 1989 : les premières manifestations à Timisoara, réprimées dans le sang, la fuite puis l'exécution de Nicolae et Elena Ceausescu, le jour de Noël, et l'immense confusion qui s'ensuivit : gouvernements provisoires, attentats, manipulations... jusqu'à l'élection, cinq mois plus tard, du président Ion Iliescu.
Entrepris dès janvier 1990 lors d'une mission humanitaire, ce journal est une enquête faite de contacts vrais, loin des rumeurs et simplifications dont les médias se sont faits l'écho. C'est une réflexion politique et civique, issue de nombreux entretiens consignés à travers le pays, dans les milieux les plus divers ; une tentative de sortir de l'idéologie par le témoignage sur la vie, faite de joies nouvelles, de générosité inquiète, mais aussi de doutes et de ressentiments, d'attentes et de crispations, de violences et de désillusions. Car si l'insurrection roumaine a permis que s'entrouvrent les portes de cette prison des mes, elle n'a pas aboli pour autant les muurs totalitaires.
Après avoir établi le dossier des principaux événements politiques et sociaux, Silberstein retourne en Roumanie au mois d'août 90 pour y mener une enquête approfondie dans les principaux milieux d'opposition. C'est ainsi qu'il peut faire l'analyse des dérives et contradictions du régime de Ceausescu, et nous montrer comment l'impatience d'en finir avec l'humiliation, mais aussi le rejet des imposteurs confisquant la révolte à leur profit, obligeaient les Roumains à inventer d'autres modèles.
Cette nouvelle édition Illustré de photographies de l'auteur, est augmentée des notes prises lors de deux voyages anniversaires : pour les dix ans de la révolution, en 1999, et à l'automne de 2009, après l'entrée de la Roumanie dans l'Union européenne.
LIVRE : C'est avec une certaine motion et beaucoup de gratitude que Jil
Silberstein nous fait partager son dialogue privilgi avec Luc Hoffmann, qui,
87 ans, revient sur son enfance, sur son engouement pour la nature et sa
dtermination prserver la Terre. Pionnier en matire d'cologie, Luc
Hoffman, n Ble en 1923, est l'un des premiers avoir pris conscience de la
vulnrabilit de notre plante et des prils qu'encourait la nature. Et c'est
avec une me de visionnaire et une volont sans faille qu'il s'engagea ds 1946
dans la protection des zones humides, "territoires jouant un rle dterminant
dans le fonctionnement global de notre cosystme". Lorsqu'on l'interroge sur
l'oeuvre de sa vie, cet homme modeste parle de la Camargue et de la cration de
la station biologique de la Tour du Valat, en 1954. De son engagement au sein
d'organisations environnementales d'envergure plantaire comme le WWF ou
l'UICN, ou plus locales comme la Fondation internationale du banc d'Arguin en
Afrique de l'ouest... D'une vie entire passe au service de la Terre. AUTEUR :
Jil Silberstein est n Paris en 1948. Aprs de nombreux voyages, il se fixe
Lausanne, collabore dix ans durant aux ditions L'ge d'Homme, dirige la revue
d'anthropologie culturelle Prsences, puis se consacre un tmoignage sur les
Innus, Indiens du Qubec-Labrador, dont il partage plus d'un an l'existence.
Pote, chroniqueur, essayiste et critique littraire, Jil Silberstein est
galement traducteur de Georg Trakl, Czeslaw Milosz et Lawrence d'Arabie. Il
vit dans la rgion lausannoise.
En 1975, Jil Silberstein est un jeune intellectuel.
C'est alors que, par des amis, il fait une rencontre qui va affecter durablement sa vie. Il s'agit de Joseph Czapski, une personnalité hors du commun. Né en 1896 dans une famille polonaise aristocratique, il est à la fois peintre et écrivain, polonais et citoyen du monde, pacifiste et officier, témoin engagé majeur de son époque, attentif aux faits et gestes de son temps, retiré pourtant dans son repaire de Maisons-Laffitte.
Entre le vieux peintre et le jeune écrivain le courant passe instantanément. Rapidement, ils s'enthousiasment sur les mêmes auteurs, échangent des lettres, se retrouvent dans une admiration commune autour de Norwid, Hoffmansthal, Cézanne, Van Gogh, Nicolas de Staël, Degas, ou encore Tsvetaïeva. Jil Silberstein s'émerveille devant la force et la luminosité intense des peintures de son ami. Fasciné par la bonté et l'attention extrême dont fait preuve Czapski envers lui, il sollicite son avis sur ses écrits et repart souvent muni de suggestions ou d'exhortations précieuses.
Nourrie de leurs rencontres successives s'esquisse une chronique très personnelle, une sorte de portrait d'un être d'exception, anxieux, hanté par les enjeux de son travail, rudoyé par le grand âge et doté d'une ferveur spirituelle et d'une humilité inhabituelle. En cette année du dixième anniversaire de la disparition de Joseph Czapski, ce texte est à lire comme un vibrant hommage.
Les Indiens Montagnais -- qui se nomment Innus, les êtres humains, dans leur propre langue - forment la plus grande nation autochtone du Québec où ils occupaient un territoire qui s'étend jusqu'au Labrador, à peu près aussi grand que la France. Après plus d'un an passé sur leurs réserves et leurs territoires de chasse, Jil Silberstein, grand voyageur et auteur d'une douzaine d'ouvrages, a écrit ce livre pour donner à voir, écouter, entendre la réalité indienne dans sa globalité, entre les injustices, les violences de l'Histoire et la détresse ou les espoirs d'aujourd'hui. Rédigé à la manière d'une chronique, cet ouvrage qui n'est ni un pamphlet ni une étude nous fait découvrir une culture de l'intérieur (vie quotidienne, traditions, récits et légendes...). Dans des situations concrètes - sous la tente, à l'affût du caribou ou au café Bla-bla -, des hommes et des femmes témoignent de leur existence au jour le jour, évoquent la déréliction, les combats politiques, les crises d'identité, la réappropriation culturelle. Mais Innu, par la parole des Anciens, restitue aussi les pratiques séculaires de ces habitants des forêts subarctiques et le lien viscéral qui les attache au monde naturel, animal et végétal. Un récit dense, bruissant de voix intimes et chaleureuses, qui plus qu'un ouvrage de spécialiste, trouve sa place parmi les grands documents culturels et humains.
28 au 30 juin 1941. Trois jours durant, Iasi, quatrième ville de Roumanie, devient le lieu d'un carnage auquel collaborent, aux côtés des troupes roumaines et allemandes, toutes les classes de la population. 13 000 Juifs y trouvent la mort. Aboutissement d'une séculaire tradition antisémite ? Éclipse de la raison ? Phase finale d'un plan ourdi au plus haut niveau ?
Présent à la commémoration des 70 ans du massacre, soucieux d'y voir clair dans un imbroglio mêlant honte, négation, impatience et mauvaise foi, Jil Silberstein, petit-fils d'un natif des lieux, décide de se reporter aux origines de l'ancienne capitale de la principauté moldave et de retracer pas à pas l'aventure d'une communauté juive tout d'abord appelée par princes et boyards.
Au gré des bons et mauvais traitements que lui réservent les souverains locaux, au gré surtout d'une histoire riche en luttes d'influence et empiétements territoriaux opposant Sublime Porte, Russie et Autriche-Hongrie, la petite communauté d'origine se verra peu à peu rejointe par un flot grossissant de coreligionnaires étrangers fuyant pogromes et redéfinitions des frontières. Dès les années 1830, elle subira l'instauration de premières lois discriminatoires, peu ou prou imposées par les Russes qui contrôlent désormais Valachie et Moldavie.
La situation s'aggravera au fil des décennies, jusqu'au déchaînement de l'horreur antisémite en 1941. Il y avait à Iasi quarante mille Juifs dans les années 1930. Il n'en reste plus aujourd'hui que trois cents.
Voici les carnets d'un homme qui, la soixantaine approchant, décide de se mettre à l'école de la forêt.
Avec l'humilité d'un disciple et le regard d'un poète, il consigne les éléments d'une infinie leçon de choses. Les oiseaux, d'abord, dont il fait de rapides croquis (pour pouvoir les retrouver, au soir, dans ses manuels de naturaliste), puis les insectes, les arbres, les animaux familiers ou sauvages, et jusqu'aux astres, enfin, dont la course l'émerveille. Frappé par la perte de sa compagne, il trouvera un appui dans le " grand Tout " du monde, où la vie et la mort sont un seul et même flux, du plus infime au plus démesuré, de la division cellulaire aux orbes des planètes.
En approfondissant son propre rapport au monde, il saisit mieux celui d'autrui, et ses plus anciennes lectures prennent alors une dimension nouvelle : les poètes chinois, les ethnologues, les voyageurs, dont les citations choisies émaillent les carnets. A mesure qu'il étudie la forêt alentour, sur les collines et en suivant le lit de la rivière, Jil Silberstein retrouve le souvenir de ses séjours au Canada, parmi les Indiens, et il prend la mesure de la folie techniciste de notre civilisation.
Pourtant, c'est encore et toujours l'émerveillement qui prédomine lorsque l'auteur, à l'aube ou au crépuscule, pénètre dans la forêt et invite chacun de nous à en retrouver le chemin.
Revenir en Suisse lorsqu'on vient de partager, un an durant, le quotidien d'Indiens des forêt subarctiques : la disgrâce.
Comment affronter cet adieu à des êtres aimés parmi lesquels on a connu la période la plus faste de son existence ? " Autant crever ! " A cet instant. surgissant du passé. Sophocle reparaît. Sophocle ? Cet oncle vénéré qui, trois décennies plus tôt.. sauva une première fois la mise à notre naufragé. Orages de douleurs ; lyrisme échevelé dilemmes saignants... sous l'assaut d'un théâtre excellant à sonder les fondements de l'existence, l'infortuné remonte vile en selle.
" Journal d'une résurrection ", Sophocle et les tristes sires - qui mêle fric-frac au Vatican, cavalcade dans Athènes, altercation avec Ulysse, dérobades et fulminations causées par un lapin - promet plus qu'une lecture neuve du Coloniate. Plus qu'un dialogue avec ses thèmes cardinaux trop rarement mis en exergue : noeuds de vipères familiaux, orgueil masculin. force de caractère des femmes, humanité des serviteurs, inconséquence de la foule...
Trempé dans le creuset de notre temps. ce livre d'une originalité totale et qui déjoue maints trompe-l'oeil décervelants se veut un joyeux plaidoyer pour la lecture des classiques... ces bons génies en permanence prêts à embraser notre goût d'exister. Ces alliés de l'ombre bien plus vivants que tant de nos contemporains.
Ces pages disent l'acharnement avec lequel la maladie s'y prit pour disloquer, jusqu'à l'anéantir, un être de lumière vénérant l'existence et qu'animait, au quotidien, une passion solidaire pour tout ce qui endure ou resplendit.
Surtout : elles restituent - de touches en touches, ainsi que l'émotion et la mémoire les recomposent - la personnalité, la trajectoire et le rayonnement d'une femme d'exception née pour aimer, pour exulter. et s'indigner de ce qui porte atteinte aux vivants.
En outre, elles témoignent de l'impact provoqué, sur l'homme qui l'aimait, par ses épreuves, sa vaillance, puis le manque inhumain engendré par sa fin. Cette fin sur laquelle s'ouvre le livre.
Entrepris en novembre 2006 - soit une saison après la date fatidique -, adressée à la disparue, inspirée puis alimentée par le besoin irrépressible de maintenir vivante la relation, la chronique du quotidien que constitue Une vie sans toi s'étire sur un an.
Une année gagnée sur l'inéluctable ? Pas seulement. Une année d'apprentissage, également. Une année pour se rétablir au sein de l'impensable...
Par la vertu de ces «missives» à la tonalité intime, de cet état des lieux brassant, avec les souvenirs heureux, certaines questions ultimes - touchant à l'impermanence, à la survie, à la fidélité, au courage, au sens d'une vie et, bien sûr, à l'amour -, l'odieux cratère de l'arrachement et de la mort cède du terrain à ce qui, trente années durant, constitua - et demeure - une équipée complice et radieuse.