Le Chevalier et la Mort est l'un des derniers écrits publiés par Leonardo Sciascia (1921-1989). Rédigé alors qu'il se sait atteint d'une maladie incurable, ce roman ironique et érudit, forme de testament littéraire, met en scène l'un de ces policiers lettrés et blasés, sorte de double de l'écrivain, que l'on retrouve souvent dans son oeuvre.
Une dernière fois, son personnage tente d'affronter l'hydre mafieuse, insaisissable, invisible et partout présente, contre laquelle Sciascia aura lutté aussi bien comme auteur que comme homme public.
Roman crépusculaire, d'une élégance et d'une humanité rares, Le Chevalier et la mort compte parmi les grands textes de Sciascia.
"Dans le génie précoce - tel qu'était précisément Majorana - la vie présente comme une limite impossible à dépasser : de temps, de travail. Une limite comme attribuée, comme imprescriptible. Dès que, dans l'oeuvre a été atteint un point d'accomplissement, une perfection réalisée, dès qu'un secret a été complètement dévoilé, dès qu'a été donnée une forme parfaite, c'est-à-dire une révélation à un mystère dans l'ordre de la connaissance, ou pour parler approximativement, de la beauté : dans la science, ou dans la littérature, ou dans l'art - aussitôt après, c'est la mort." Quand Pasolini a été assassiné, on a retrouvé dans la poche de sa veste La Disparition de Majorana. Fasciné par la fiction que génère l'enquête policière et devant la nécessité qui s'impose à lui d'élucider toute énigme, Leonardo Sciascia se penche ici sur la disparition, subite et mystérieuse en 1938, du jeune physicien italien Ettore Majorana.
Spécialisé dans la physique nucléaire, le scientifique avait travaillé sur les risques que l'humanité est susceptible d'encourir en usant de la fission de l'atome. L'affaire intéresse en haut lieu. Le Duce charge personnellement la police de tout faire pour retrouver le prodige de 31 ans. Mais devant l'absence totale de trace ou d'indice, on conclut au suicide. Affaire classée.
Plus de trente ans plus tard, Leonardo Sciascia s'empare de nouveau de l'affaire. La recherche de la vérité devient initiatique. Majorana avait rencontré les plus grands physiciens, parmi lesquels Heisenberg, avec qui il avait noué une solide amitié. Son entourage voyait en lui le génie du XXe siècle. Sa disparition en a fait un mythe. Fondée sur le principe de la déduction, l'enquête devient philosophique puis politique. Sciascia en arrive à des hypothèses troublantes...
«La mafia est une association criminelle ayant pour fin l'enrichissement de ses membres, qui se pose en inter-médiaire parasite, et s'impose, par la violence, entre la société et le travail, la production et la consommation, le citoyen et l'État... J'ai cherché à comprendre ce qui faisait que quelqu' un était mafioso» : tel est, selon l'écrivain sicilien Leonardo Sciascia, le sens du Jour de la chouette. Ce roman, qui inaugure dans son oeuvre une série de récits jouant des codes du roman policier pour dénoncer les tabous les plus sensibles, offre une véritable immersion dans le milieu de la mafia qui gangrène la société sicilienne. Il s'est imposé, dès sa sortie en 1961, comme une référence incontournable sur le sujet, et demeure aujourd'hui le plus populaire de tous les livres de Sciascia.
Aldo Moro, le président de la Démocratie chrétienne italienne, a été enlevé par les Brigades rouges, et exécuté, en 1978. Sous la loupe de Sciascia qui a étudié beaucoup de documents, cette affaire d'Etat vire au scandale. Perçant trahisons et mensonges, Sciascia tend vers des vérités qui deviennent aujourd'hui, au gré des éléments apparus depuis, de plus en plus incontestables.
Nouvelle extraite du recueil Les oncles de Sicile
Deux textes tout à fait caractéristiques de la manière de ce grand écrivain sicilien:un art de conter subtil et précis où l'écriture s'apparente à l'intrigue policière. Sciascia est un maître de l'énigme, mais les problèmes qu'il dénoue débouchent toujours, au-delà du pittoresque et de l'humour, sur une réflexion politique, voire métaphysique. La Disparition de Majorana évoque un fait réel survenu en 1938 en Italie, pendant le fascisme:un jeune savant sicilien particulièrement doué, très avancé dans des recherches de physique nucléaire, disparaît mystérieusement. La police conclut au suicide. Sciascia reprend toutes les données de l'affaire et conduit pas à pas le lecteur vers une autre hypothèse, extrêmement troublante. Les Poignardeurs ont aussi une base historique précise. En 1862, à Palerme, treize crimes sont commis dans la même nuit en différents points de la ville... La police arrête les meurtriers, mais les raisons du massacre demeurent inconnues. Sciascia reprend l'enquête sur cette «stratégie de la terreur» inaugurée il y a plus d'un siècle et toujours profondément enracinée dans la réalité sicilienne d'aujourd'hui.
tout commence la veille de la saint-joseph en pleine campagne sicilienne.
un cadavre est retrouvé dans une maison abandonnée. s'agit-il d'un meurtre maquillé en suicide ? des personnages ambigus, des indices superficiels viennent noircir une histoire qui semble cacher autre chose. l'ombre oppressante de la mafia et de la drogue plane sur ce polar sicilien qui prend secrètement des allures de combat. admirateur insatiable de pirandello, stendhal et d'annunzio, toujours porté par une manifeste volupté d'écrire, leonardo sciascia s'est joué des genres avec brio pour mieux interroger l'histoire et l'actualité.
et en dénoncer les aberrations.
san remo 1913 : la femme d'un capitaine des bersagliers tue d'une balle de revolver en plein visage le jeune ordonnance en service chez elle.
moyen expéditif et expédient pour la dame de mettre fin à une liaison ? geste accompli pour sauver un honneur menacé par les fougueux assauts du jeune soldat ? c'est ce qu'alors se demandèrent, dans un déchaînement de passions, la justice et
l'opinion publique. sciascia, en racontant cette histoire pétillante, repose ces questions et quelques autres, qui se ramènent peut-être à une seule : y a-t-il des raisons pour tuer un homme oe
" la réalité était pour sciascia une énigme.
ce n'est pas seulement une caractéristique des scientifiques et des enquêteurs : c'est un trait commun aux grands romanciers. la solution, certains la trouvent dans le sentiment poétique. lui, il avait pour armes l'intelligence, le sourire amer, la précision, la limpidité. " rené de ceccatty, le monde.