À travers une sélection d'une trentaine de poèmes de Paul Eluard, illustrés de dessins de Picasso, ce coffret rend hommage à ces deux immenses artistes du xxe siècle, à leur engagement pour la paix, universelle et plus que jamais nécessaire.
« Lorsque se déroule dans ma mémoire le long film de l'oeuvre de Picasso, je suis toujours frappé d'admiration par l'enthousiasme, le travail, l'incessant mouvement d'un homme dont le message restera, j'en suis persuadé, «le meilleur témoignage que nous puissions donner de notre dignité?».
L'enthousiasme de Picasso ne se ralentit jamais. C'est sa force et son secret. Chaque pas en avant lui découvre un nouvel horizon. Le passé ne le retient pas ; le monde s'ouvre à lui, un monde où tout est encore à faire et non à refaire... » « C'est ainsi que Picasso est lié à l'histoire éternelle des hommes. » Tels sont les mots magnifiques et poignants de Paul Eluard pour dire son amitié à Pablo Picasso. Une amitié qui débute en 1935, lors de leur première rencontre et qui va durer seize ans, jusqu'à la mort d'Éluard, en 1952. Une amitié de toute une vie, créatrice, qui va engendrer une véritable émulation, une fraternité, un engagement.
Entre ces deux hommes, tout converge : un même goût pour la poésie, l'art, une même vision de la création artistique, un même style de vie.
Dès les années 1920, Paul Eluard collectionnait déjà des oeuvres de Picasso, mais c'est au milieu des années 1930 que leur amitié s'affirme. Ils se retrouvent dans les actions collectives du mouvement surréaliste, partagent une même passion pour l'art moderne et la poésie, s'engagent contre le fascisme et pour la liberté des peuples, pour la paix.
Cet engagement va nourrir la poésie d'Eluard et l'art de Picasso, dans un dialogue riche et ininterrompu : l'un écrit les plus beaux poèmes pour la paix, indissociables de ses poèmes d'amour, l'autre dessine des colombes dans de multiples variations. Car dans la Bible, cet oiseau annonce à Noé la fin du Déluge en lui apportant un rameau d'olivier. Sublime emblème de la paix, la colombe représente la fin du chaos.
Cet engagement pour la paix et la liberté trouvera son ultime expression en 1951, lors de la publication du recueil Le Visage de la paix.
À travers une sélection d'une trentaine de poèmes de Paul Eluard, illustrés de dessins de Picasso, ce coffret, rend hommage à ces deux immenses artistes du xxe siècle, à leur engagement pour la paix, universelle et plus que jamais nécessaire.
« Je connais tous les lieux où la colombe loge Et le plus naturel est la tête de l'homme. » « L'homme en proie à la paix se couronne d'espoir. » « L'architecture de la paix Repose sur le monde entier. »
Pour la poésie, l'après-guerre est considéré comme un moment creux après les fêtes du surréalisme et de la Résistance, et n'a pas fait l'objet d'études d'ensemble. Le livre adopte une perspective d'histoire littéraire : il se concentre sur ce qui en son temps a fait événement, et sur ce qui a été déterminant pour la suite de l'histoire, tout en faisant sa part à une lecture personnelle. Il commence par un état des lieux de l'après-guerre : interventions critiques, organisation du champ autour de Paulhan, figures d'une poésie existentielle (Guillevic, Follain, Jaccottet), essais de restauration (Bonnefoy). La partie centrale est consacrée à l'émergence d'une parole poétique indigène, rendue visible en 1948 par l'anthologie de Senghor et la préface de Sartre ;
Elle confronte trois poètes en les situant dans cette histoire de l'Empire finissant, Senghor, Césaire et le malgache Jean-Joseph Rabearivelo.
La dernière partie montre comment les cartes de la poésie française sont rebattues au tournant des années 1960. Elle met en regard le couronnement de Saint-John Perse ; la carrière de Ponge, poète critique s'identifiant à un nouveau Malherbe ; et la conversion d'Edmond Jabès, poète égyptien francophone devenu juif littéraire, emblème d'une théorie de la littérature.
Une légende du surréalisme s'est assez vite créée, largement liée à la place que ses oeuvres auront faite au rêve, au merveilleux et à l'amour. Mais, des commencements quasi magiques l'écriture automatique, puis l'écriture en état d'hypnose jusqu'au lent recul d'après-guerre, il aura été un mouvement en évolution permanente, réévaluant constamment sa doctrine, jetant des ponts vers la politique dans l'espoir d'une révolution, étendant son emprise aux arts de la vue, et suscitant à l'étranger, enfin, d'autres surréalismes. Ce sont tous ces aspects qu'étudie tour à tour ce livre qui ne se limite pas, comme souvent, à la description d'un bouleversement littéraire, mais propose une histoire générale où sont envisagés sa théorie, ses moyens d'action collective, tracts et revues, toute sa palette de pratiques esthétiques, et son ouverture internationale. Il ne s'agit ainsi de rien d'autre que de répondre à la question que posait André Breton lui-même : « Qu'est-ce que le surréalisme ? » Série Littérature dirigée par Michel Jarrety.
Le romanesque des lettres est le tête-à-tête de la littérature et du réel - un réel qui est lui-même pénétré de littérature. À travers cette frontière poreuse se rencontrent une expérience littéraire et une idée de la vie. OEuvres, interprétations, événements de la vie des lettres, tout peut être lu comme un roman, en nous souciant de l'intérêt qui nous attache et du plaisir qui nous rétribue ; à la faveur des circonstances, tout peut être vécu comme un roman. La littérature, loin de se fermer sur son autonomie, apparaît ici comme une maison ouverte à son dehors.
La porte battante au centre du livre est un chapitre sur le roman à clés. Les fenêtres donnent sur le rapport entre création et critique, lecteurs et bibliothèques, amitié et historiographie, vie privée et vivre public. Au fil des pages s'anime le paysage d'un long romantisme, allant de Sainte-Beuve à Sartre, sous l'horizon de ce que Proust appelle un romanesque vrai.
L'ouvrage traite de l'art de Rimbaud dans tous ses aspects : la poésie versifiée, le poème en prose des Illuminations, et la prose d'Une saison en enfer. En poésie, Rimbaud est l'acteur d'une mutation rapide. La mécanique du vers et l'agencement du poème en prose sont le fruit d'un travail savant de subversion et d'invention, qu'il est possible de suivre dans le détail. La prose a ses moyens propres, et elle se situe sur un autre plan, dont les enjeux sont existentiels autant que littéraires ; mais elle offre sur la poésie un point de vue critique qui a déterminé toute la réception de l'oeuvre. Le mot d'art dans le titre est donc une prise de position : Rimbaud, loin d'être « hors de toute littérature », appartient au XIXe siècle.
La présente édition est nouvelle. Les deux premières parties, consacrées à la poésie versifiée et au poème en prose, ont été remaniées, complétées et corrigées. La troisième, qui étudie la prose d'Une saison en enfer, est inédite.
Du Château d'Argol (1938) aux Carnets du grand chemin (1992), l'oeuvre de Julien Gracq déploie devant nous un paysage littéraire qu'il est désormais impossible d'embrasser du regard et de parcourir, tel « un chemin de la vie qui serait aussi un chemin de plaisir. » Gracq est l'enchanteur réticent : le don qu'il nous fait ne peut être séparé d'un retrait. Le livre de Michel Murat respecte ce partage, et réserve la vie privée. Il s'attache à éclairer l'oeuvre, en dégageant ses lignes de force : la fascination des lieux où se joue, entre pressentiment et mémoire, « le litige de l'homme avec le monde » ; le goût du romanesque, doublé d'une réflexion aiguë sur les possibilités actuelles du genre ; le développement progressif de la dimension d'un style qui signe chaque page comme nul ne sait faire aujo urd'hui.
Ni marginal, ni intempestif, Gracq appartient à notre histoire ; il est de ceux qu'une rupture précoce avec le communisme a laissés comme en déshérence au lendemain de la guerre. Si son oeuvre se construit dans un dialogue tendu avec le surréalisme , elle oppose un refus tranchant à tout « engagement » et tient à distance jusqu'au succès public. L'histoire a voué Gracq à la littérature : il en fait sa vraie morale, et n'a cessé d'avoir souci de sa destination. C'est en cela qu'il a quelque chose à nous dire.
On trouvera également ici une présentation critique de tous les livres de Julien Gracq, incluant les Carnets du grand
Après trois livres composés dans l'amitié de René Char, Dominique Fourcade s'est éloigné de la poésie. Il a édité les écrits de Matisse, médité sur la peinture et la sculpture américaine ; il s'est imposé comme critique d'art. Il a fait de ces années le creuset d'une poésie nouvelle, équivalent de la révolution moderne en peinture, dont Le Ciel pas d'angle offre en 1983 le manifeste. Dès lors, Dominique Fourcade a pris sa place au premier rang. Proche des poètes littéralistes, il se distingue d'eux par l'invention d'un lyrisme neuf, tirant élan et intensité de se tenir au plus près du réel, de l'époque et du monde. Chaque livre s'engendre à partir de lui-même, mais tous sont nourris d'échanges avec les arts, peinture, sculpture, musique et danse, dynamisant leurs formes au contact de tous ces autres. Comprendre la genèse de cette oeuvre et ses divers moments, rendre compte de ce qui en fait la force et l'actualité, tel est l'objet de notre ouvrage.
Dernière oeuvre de Mallarmé, Un coup de dés jamais n'abolira le hasard est un " recommencement " de la poésie : le vers, le poème et le livre sont d'un seul geste remis en jeu.
Comment Mallarmé, poète profondément attaché à la tradition versifiée, a-t-il pu se porter aussi loin dans le sens des avant-gardes ? La réponse passe par une analyse des rapports complexes entre la " crise de vers " dont il prend conscience, la théorie du vers qu'il reformule et le regard qu'il porte sur les tentatives contemporaines. Convaincu de l'échec du vers-librisme, Mallarmé reconstruit le vers à partir du livre ; il le dispose sur l'espace articulé de la double page, réorganise la syntaxe par groupements et périodes, transforme en intervention critique le miroitement de l'allégorie.
A un ordre fondé sur la fiction du Nombre il prend le risque de substituer une invention " hors d'anciens calculs " se déployant sur l'horizon d'un hasard indépassable. C'est à la compréhension d'un tel projet et à la description du genre entièrement nouveau de poésie versifiée qui en résulte qu'est consacré ce livre.
Du Château d'Argol (1938) aux Entretiens (2002) l'oeuvre de Julien Gracq déploie devant nous un paysage littéraire qu'il est possible maintenant d'embrasser du regard, et de parcourir tel « un chemin de la vie qui serait aussi un chemin de plaisir ». L'étude de Michel Murat nous convie à ce parcours au long duquel se construit la biographie de l'écrivain, qui est un autre moi et porte un autre nom que la personne privée. Bibliographie raisonnée, repères chronologiques et cahier iconographique.
Ce livre traite de l'histoire des formes dans la poésie du premier XXe siècle, période qu'illustre le surréalisme d'Éluard. Il rend justice à Fargue; il dessine les situations d'Apollinaire et de Saint-John Perse. Il propose des matériaux pour une histoire de la poésie française, envisagée dans sa dimension nationale, et à partir d'entrées comme les anthologies, le poème en prose, le distique rimé. C'est cette histoire qu'Aragon remet en jeu contre les avant-gardes, et que conclut la parution de Fureur et mystère.
Forme originale de la poésie moderne, le vers libre a souffert d'être trop simple, dispersé en variantes individuelles, équivoque dans ses rapports avec le vers régulier. L'analyse de sa structure reste à faire ; son histoire doit être dégagée de l'anecdote. C'est à quoi s'emploie le présent ouvrage. La première partie expose les propriétés de la forme standard et leurs effets esthétiques, avant de retracer les phases d'un processus de genèse qui conduit du symbolisme au modernisme. La seconde partie, en décrivant les paramètres de la « polymorphie » du vers libre, élabore une typologie des formes versifiées valable pour la poésie française du xxe siècle. La dernière s'attache à quatre styles caractéristiques, chez Larbaud, Péguy, Claudel et Breton ; elle dessine de cette période un paysage neuf.
Ce volume s'attache à l'ensemble des activités d'Emmanuel Hocquard, afin de faire valoir son importance, et de le situer dans une histoire de la poésie contemporaine dont il fut l'un des principaux acteurs.
Emmanuel Hocquard (1940-2019) est l'auteur d'une oeuvre poétique où se manifeste l'ambition d'une redéfinition radicale, doublée d'une écriture en prose qui déjoue les catégories de genre autant qu'elle joue avec elles. Élaborer pour soi une écriture à laquelle on donnerait ses propres règles a été l'enjeu majeur de son travail.
Ce n'est pas une action solitaire. Hocquard a créé, avec sa compagne Raquel, une maison d'édition artisanale, Orange Export Ltd. (1969-1986), pour publier ses amis poètes, et ses livres, parus chez P.O.L, ont contribué à en faire un éditeur emblématique de la modernité. Il a organisé des lectures publiques de poésie au musée d'Art moderne de la Ville de Paris (1977-1990), pratiqué la traduction collective à la Fondation Royaumont (1984-2000), réuni poésie française et poésie américaine dans l'association Un bureau sur l'Atlantique, enseigné à l'École des Beaux-Arts de Bordeaux (1992-2005). Il a composé des anthologies et écrit en collaboration avec des artistes et d'autres poètes.
Un recueil d'essais et de textes fondateurs consacrés aux enregistrements sonores de poésie.
La poésie, dans les cultures de l'écrit, s'adresse à la fois à l'oeil et à l'oreille. Mais l'enregistrement de la voix constitue dans l'histoire du genre une mutation médiatique majeure. Le corpus dont nous disposons après plus de cent ans d'enregistrements est immense et hétérogène, à la fois en termes de supports (mécaniques, magnétiques, optiques, numériques) et de sources (émissions de radio ou de télévision, enregistrements phonographiques, lectures publiques, lectures privées). Il nécessite un travail considérable d'inventaire, de préservation, de diffusion et d'analyse. Cet ouvrage, qui rassemble des contributions de chercheurs français et étrangers ainsi que deux textes fondateurs, en jette les bases, et invite à un tournant oral des études littéraires.
Construit à partir des actes du colloque organisé en Sorbonne par Georges Molinié et Michel Murat, ce volume offre une vue d'ensemble sur l'état et les perspectives des études relatives au vers français. Sur le plan théorique, il replace ces études dans le cadre d'une métrique générale (J.-M. Gouvard) ; il ouvre un débat sur la place de l'accent (B. de Cornulier, M. Aquien), qui entérine l'abandon des conceptions « accentualistes » de Grammont, encore largement répandues. Il propose un modèle général d'analyse de la rime (D. Billy). D'importantes contributions portent sur l'histoire du vers, précisant son rapport à la métrique latine (J. Dangel), inscrivant l'histoire des formes dans celle des politiques de la langue au moment décisif de l'institution d'un modèle français (Y.-Ch. Morin), décrivant des particularités de la phase de la « crise de vers » : la rime « androgyne » chez Verlaine (D. Billy), la césure lyrique chez Verhaeren (M. Dominicy). L'hommage rendu au travail de Georges Lote, dont J. Gardes-Tamine présente une vue d'ensemble, et l'analyse de la controverse entre Léon Gautier et Gaston Paris sur l'origine du vers français (Ch. Doutrelepont), se situent dans une perspective, jusqu'ici peu explorée, d'histoire de la discipline. Le volume comprend un index notionnel et une importante bibliographie.
Ce volume s'ouvre avec des pages inédites du Journal d'Alain sur la littérature.
Elles permettent d'entrer immédiatement au coeur d'une oeuvre qui mêle étroitement philosophie et littérature, tant par ses thèmes que par sa forme, ainsi que le montrent les textes ensuite réunis. Ayant pour ambition de " changer la philosophie en littérature et, au rebours, la littérature en philosophie ", Alain pense la littérature et l'écriture, philosophe à partir de romans, de poèmes (Balzac, Stendhal, Valéry), et fait de sa propre écriture philosophique un travail littéraire, s'attachant au " style ".
Sa postérité témoigne également de ce lien : comme professeur de philosophie, comme écrivain et journaliste (on lui doit 3 498 Propos quotidiens de 1906 à 1914), il a influencé toute la pensée et l'écriture entre les deux guerres et au-delà - de Georges Canguilhem ou Simone Weil à Jean Prévost ou Julien Gracq.
La polémique n'est pas un genre littéraire, ni un type particulier d'écriture ou un style : elle est un usage social de la parole, en même temps qu'une dimension constitutive des rapports humains et de l'exercice de la pensée.
Elle se situe à la limite toujours mouvante entre la violence et les institutions qui essaient d'en régler les moyens et d'en maîtriser les effets. Ce sont les cadres juridiques, les codifications rhétoriques, les traditions philosophiques, les horizons d'attente littéraires de la parole polémique, tels qu'ils se manifestent à travers traités, oeuvres et querelles, que prend pour objet ce volume. Issu des travaux d'un séminaire interdisciplinaire, puis d'un colloque tenu en Sorbonne à l'automne 1998 ; il a l'ambition de présenter une synthèse originale sur la question.
La tradition occidentale y est par conséquent envisagée dans toute son étendue, de la Grèce antique au monde contemporain. Une réflexion sur l'argument ad hominem forme le noyau conceptuel de l'ouvrage ; l'étude de Marc Angenot sur le " dialogue de sourds " entre anarchistes et socialistes, qui le conclut, en fait ressortir toute la portée éthique et politique.