Yasunari Kawabata Les Belles Endormies Dans quel monde entrait le vieil Eguchi lorsqu'il franchit le seuil des Belles Endormies ? Ce roman, publié en 1961, décrit la quête des vieillards en mal de plaisirs. Dans une mystérieuse demeure, ils viennent passer une nuit aux côtés d'adolescentes endormies sous l'effet de puissants narcotiques.
Pour Eguchi, ces nuits passées dans la chambre des voluptés lui permettront de se ressouvenir des femmes de sa jeunesse, et de se plonger dans de longues méditations. Pour atteindre, qui sait ? au seuil de la mort, à la douceur de l'enfance et au pardon de ses fautes.
Dans l'air inerte d'une nuit d'été, un vieil homme entend - ou croit entendre - le grondement de la montagne. Ce rugissement venu du coeur de la Terre, lui seul semble le percevoir comme la révélation de sa fin prochaine. Notable en apparence calme et rangé, le vieil homme cache une personnalité hypersensible, inquiète, troublée par une vie intérieure agitée. Seules les splendeurs fugitives de la nature, les arabesques émouvantes des oiseaux et la silhouette blanche et délicate de sa jeune belle-fille parviennent à le distraire de son obsession et de son angoisse. Avec Le Grondement de la montagne, l'écrivain confronte son personnage, hanté par la vieillesse, la mort, le rêve impossible d'un érotisme lumineux, aux grands moments de sa vie, à ses déceptions, à ses échecs, à l'écoulement des saisons ou à la beauté éphémère d'un cerisier en fleur par un matin d'hiver.
À trois reprises, Shimamura se retire dans une petite station thermale, au coeur des montagnes, pour y vivre un amour fou en même temps qu'une purification. Chaque image a un sens, l'empire des signes se révèle à la fois net et suggéré. Le spectacle des bois d'érable à l'approche de l'automne désigne à l'homme sa propre fragilité.
«Le rideau des montagnes, à l'arrière-plan, déployait déjà les riches teintes de l'automne sous le soleil couchant, ses rousseurs et ses rouilles, devant lesquelles, pour Shimamura, cette unique touche d'un vert timide, paradoxalement, prenait la teinte même de la mort.» Yasunari Kawabata, le plus grand écrivain japonais contemporain, a obtenu le prix Nobel de littérature en 1968.
Qu'il évoque un couple séparé par la guerre, réuni des années plus tard au pied du mont Fuji, l'amitié entre deux écrivains dont l'un est condamné au silence, ou la mélancolie d'une fin d'automne à Tokyo, c'est par touches subtiles et avec un art consommé de l'image que Yasunari Kawabata esquisse, tel un peintre, portraits et sentiments, rêves et rêveries.
Première neige sur le mont Fuji rassemble six nouvelles inédites, écrites entre 1952 et 1960, compilées et traduites par Cécile Sakai, spécialiste de l'oeuvre de Kawabata. On y retrouve l'inspiration poétique et sensuelle qui caractérise les chefs-d'oeuvre du Prix Nobel de littérature.
L'écriture de Kawabata est un nerf à vif, que Cécile Sakai a su disséquer au scalpel dans ce recueil de nouvelles inédites et somptueuses. Marine Landrot, Télérama.
Esquissé autour d'un vide, d'un manque ou d'un silence, chaque texte possède la beauté dépouillée d'une estampe. Elisabeth Philippe, Les Inrockuptibles.
" " La plupart des professionnels du Go aiment aussi d'autres jeux, mais la passion du Maître présentait un caractère particulier : l'incapacité de jouer tranquillement, en laissant les choses suivre leur cours. Sa patience, son endurance s'avéraient infinies. Il jouait jour et nuit, pris par une obsession qui devenait troublante. Il s'agissait peut-être moins de dissiper des idées noires ou de charmer son ennui que d'une sorte d'abandon total au démon du jeu. " Kawabata Texte intégral. "
Nuée d'oiseaux blancs est écrit entre 1949 et 1952, dans un pays en pleine reconstruction, par un auteur déjà considéré comme l'un des plus grands romanciers japonais de son temps. Le héros est un trentenaire, fils unique ayant perdu ses parents. Célibataire, jouissant d'une fortune confortable, il ne sait pas bien quelle direction sa vie est en train de prendre. Il appartient à une génération qui a garndi sous les bombardements et ne sait plus que faire du legs esthétique et philosophique du Japon ancien. De la façon la plus inattendue, il se trouvera confronté à un dangereux héritage spirituel, sentimental et amoureux. Traduction d'Armel Guerne et de Bunkichi Fujimori
Yasunari Kawabata Tristesse et beauté Chez Kawabata, les beautés élégiaques, qui se laissent dépouiller, abandonner, prostituer, éviscérer par amour, préparent en silence l'avènement des beautés pernicieuses, ces petits démons qui exécuteront autour du mâle la danse de la mort. Dans Tristesse et beauté, la mort esquisse ses premiers pas pendant que sonnent les cloches de fin d'année dans les monastères de Kyôto. Oki, le romancier vieillissant, cherche à revoir un ancien amour. Elle avait seize ans, lui plus de trente. Au lendemain de la rupture, elle avait trouvé refuge chez les fous, lui dans l'écriture d'un roman qui devait lui apporter argent et gloire. En sortant de chez les fous, elle choisit de ne plus se donner qu'à l'art et devint peintre renommé. Un quart de siècle plus tard, il tente de renouer avec le passé. Mais le destin a placé aux côtés de la femme peintre une élève de dix-sept ans, diaboliquement belle et diaboliquement dévouée à son professeur.
Linda Lê.
Prix Nobel de littérature en 1968, Yasunari Kawabata ne révéla peut-être jamais aussi bien que dans les cinq nouvelles de La Danseuse d'Izu la poésie, l'élégance, le raffinement exquis et la cruauté du Japon.
Est-ce là ce « délicat remue-ménage de l'âme » dont parlait le romancier et critique Jean Freustié ? Chacun de ces récits semble porter en lui une ombre douloureuse qui est comme la face cachée de la destinée.
Un vieillard s'enlise dans la compagnie d'oiseaux, un invalide contemple le monde dans un miroir, et ce miroir lui renvoie d'abord son propre visage dans une sorte de tête à tête avec la mort...
Rechercher le bonheur est aussi vain et aussi désespéré qu'apprivoiser une jeune danseuse, un couple de roitelets ou le reflet de la lune dans l'eau. Voici cinq textes limpides et mélancoliques, aussi pudiques sans doute dans l'expression que troublants dans les thèmes.
" Le bonheur, pour le jeune Gimpei, c'était de suivre le chemin qui longe la rive, leurs deux silhouettes confondues reflétées dans le lac. Il marchait, regardait l'eau, et songeait que les deux reflets iraient jusqu'au bout du monde, embrassés pour l'éternité. Mais il fut bref, ce bonheur-là. "
En quittant l'hôpital psychiatrique où ils ont laissé Ineko, qui souffre de cécité partielle, une maladie mentale qui a nécessité son internement, sa mère et son amant, Hisano, poursuivent dans un paysage étincelant de pissenlits en fleur une conversation étrange et surréaliste où se déploient confidences intimes et souvenirs. Inédit en France, ce roman inachevé dévoile une nouvelle facette de la virtuosité littéraire de Kawabata.
Yasunari Kawabata La Beauté, tôt vouée à se défaire « La Beauté, tôt vouée à se défaire ne s'arrête pas à la simple histoire du meurtre de deux jeunes femmes pendant leur sommeil, cette nouvelle joue également un rôle explicatif pour les deux récits qui précèdent, concernant le travail du «condamné à perpétuité» qu'est l'écrivain et le thème de l'impossibilité d'une relation pure et belle à la réalité.
La Beauté, tôt vouée à se défaire est une oeuvre rigoureuse qui n'a pas du tout vieilli. Et je crois que si elle n'a pas vieilli, c'est sans doute à cause de la sérénité qui s'en dégage. Je me demande où l'auteur arrive à trouver cette tranquillité artistique. Il a vu la tristesse dans le coeur du criminel Saburo Yamabe, pour qui «provoquer la mort», c'était «flirter avec la vie», sans pour autant flirter lui-même avec la vie. C'est cette distance, que même une légère ivresse ne permet pas, qui l'a conduit aux Belles endormies et au Bras. » Yukio Mishima.
- Ossements / Histoire du visage de la morte - La Mer / La Danseuse d'Izu / Une page folle - Le Pourvoyeur de cadavres / Les Servantes d'auberge - Chronique d'Asakusa / Illusions de cristal - Elégie / Bestiaire / Pays de neige - Le Maître ou le Tournoi de go / Retrouvailles - Nuée d'oiseaux blancs - Le Grondement de la montagne / La Lune dans l'eau - Le Lac / Les Belles Endormies / Kyôto - Tristesse et Beauté
Yasunari Kawabata Récits de la paume de la main En marge de ses grands livres comme La Danseuse d'Izu, Les Belles Endormies ou Tristesse et beauté, Yasunari Kawabata (1899-1972, prix Nobel de littérature en 1968) écrivit aussi de très courtes histoires : souvenirs d'enfance ou d'adolescence, instants de vie saisis au vol, vignettes érotiques à mi-chemin du rêve et de la réalité. Et il les rassembla sous le titre énigmatique de Récits de la paume de la main.
On peut certes les lire comme des fables. Une jeune femme, dans une soif infinie d'amour, veut devenir l'exacte réplique de l'être aimé. Deux amoureux, que la mort a enfin réunis, vont dialoguer et joindre leurs voix. Une jeune mariée succombe à l'instant où son époux se met à prier pour elle. Des vieillards nourrissent une couvée d'oiseaux sauvages, et dans leur geste renaissent la beauté, le rituel, la gravité du Japon d'autrefois... Mais la simplicité et la transparence de ces récits cachent bien des abîmes.
« Montrez-moi votre âme en la posant sur la paume de ma main. Telle une boule de cristal. Et moi, je la dessinerai avec mes mots... »
Yasunari Kawabata Les Servantes d'auberge Ici, la vie quotidienne de jeunes prostituées, pensionnaires d'une maison close dans une petite ville d'eaux ; là, les errances intérieures d'une femme frigide ; mais aussi, les vicissitudes sentimentales d'un homme obsédé par l'image d'une morte.
Trois récits, trois nouvelles qui se développent sur trois registres littéraires différents et qui témoignent des grandes orientations de l'oeuvre de Kawabata. La subtile peinture des sentiments et des sensations dans « Illusions de cristal ». La poésie et la palette colorée des saisons dans « Les servantes d'auberge ». Les tours inquiétants d'une passion étrange dans « Le pourvoyeur de cadavres ».
Un quatrième texte accentue la singularité du recueil. « Une page folle » est le texte d'un scénario que Kawabata écrivit en 1926 et qui fut tourné la même année par le réalisateur Kinugasa Teinosuké.
Leurs yeux se cherchèrent et au moment où leurs regards allaient se fondre, les bras de l'homme l'attirèrent vers lui et il posa son visage sur la jeune femme.
- Imbécile ! dit Yumiko en repoussant la bouche de l'homme de la paume de sa main droite. Les dents n'étaient-elles pas teintées par le poison des pilules que Yumiko lui avait enfoncées dans la bouche ? Elles avaient fondu en libérant le liquide.
- Décidément, tu n'es qu'un imbécile !
Akagi blêmit soudain et s'effondra.
Yasunari Kawabata.
Chronique d'Asakusa, ou la banale histoire de Yumiko, une jeune femme qui voulait croire aux merveilles de l'amour dans le Tokyo des années 30.
Texte intégral
Dans une étrange maison close, les belles sont endormies, parées et nues pour recevoir la visite d'hommes de grand âge. Eguchi est l'un de ces visiteurs nocturnes, qui vient admirer le sommeil des jeunes fi lles, retrouver les images oubliées, respirer les parfums de sa jeunesse ; vivre quelques heures splendides et sensuelles.
Dans ce court roman, au style dépouillé, l'intimité ouvre sur des questions universelles : l'amour, la quête du bonheur et la mort. Dominique Sanda, de cette voix voluptueuse que l'on a si souvent entendue au cinéma et au théâtre, s'approprie ce texte avec pudeur.
Audiolib redonne vie à un enregistrement d'anthologie réalisé en 1992, indisponible en librairie depuis des années.
Kikuji has been invited to a tea ceremony by a mistress of his dead father. He is shocked to find there the mistress's rival and successor, Mrs. Ota, and that the ceremony has been awkwardly arranged for him to meet his potential future bride. But he is most shocked to be drawn into a relationship with Mrs. Ota - a relationship that will bring only suffering and destruction to all of them. Thousand Cranes reflects the tea ceremony's poetic precision with understated, lyrical style and beautiful prose.
The successful writer Oki has reached middle age and is filled with regrets. He returns to Kyoto to find Otoko, a young woman with whom he had a terrible affair many years before, and discovers that she is now a painter, living with a younger woman as her lover. Otoko has continued to love Oki and has never forgotten him, but his return unsettles not only her but also her young lover. This is a work of strange beauty, with a tender touch of nostalgia and a heartbreaking sensitivity to those things lost forever.
Ogata Shingo is growing old, and his memory is failing him. At night he hears only the sound of death in the distant rumble from the mountain. The relationships which have previously defined his life - with his son, his wife, and his attractive daughter-in-law - are dissolving, and Shingo is caught between love and destruction. Lyrical and precise, The Sound of the Mountain explores in immaculately crafted prose the changing roles of love and the truth we face in ageing.
Dans ces textes autobiographiques qui prennent souvent la forme de lettres, parfois fictives, Yasunari Kawabata évoque les années de son adolescence, le souvenir de ses parents morts quand il avait un an, son éducation par un grand-père dont il accompagne - non sans quelque férocité - l'agonie, sa formation intellectuelle, ses premiers émois suscités en particulier par le jeune Kiyono, compagnon de lycée vers lequel le portait un amour interdit. Autant de thèmes qui seront à l'origine de ses oeuvres majeures et nous aident à mieux comprendre cet écrivain complexe, en même temps que les arcanes qui président à la naissance d'une personnalité et d'une grande oeuvre littéraire.