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Arts et spectacles
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«- Zazie, déclare Gabriel en prenant un air majestueux trouvé sans peine dans son répertoire, si ça te plaît de voir vraiment les Invalides et le tombeau véritable du vrai Napoléon, je t'y conduirai.- Napoléon mon cul, réplique Zazie. Il m'intéresse pas du tout, cet enflé, avec son chapeau à la con.- Qu'est-ce qui t'intéresse alors?Zazie ne répond pas.- Oui, dit Charles avec une gentillesse inattendue, qu'est-ce qui t'intéresse?- Le métro.»
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L'artiste américaine Kiki Smith a relevé le défi de la collection «Grande Blanche illustrée», espace où les artistes ont carte blanche pour se confronter aux plus grands auteurs de la littérature. Née en 1954, Kiki Smith est une figure atypique de l'art contemporain américain. Connue depuis les années 1980 pour son travail multidisciplinaire et pour la grande variété de médiums utilisés, elle explore avec audace et sensibilité le thème du corps fragile et intime, de la sexualité féminine et de notre rapport à la mort ou à la beauté. Depuis les années 2000, l'artiste se projette dans le monde du vivant, du végétal. «Soyons attentifs à la nature» : c'est ce que Kiki Smith exprime dans ses oeuvres les plus récentes. Pour son entrée dans la collection, Kiki Smith a choisi L'amour, la poésie de Paul Éluard. Paru en 1929, après un dernier hiver passé au sanatorium avec sa femme Gala qui devait le quitter, peu après, pour Salvador Dali, ce «livre sans fin», retrace l'aventure d'un homme désespéré et déchiré entre l'amour et la poésie, entre le réel et l'imaginaire, d'un homme à qui la poésie redonne, avec l'amour, le goût et la passion de la vie. Les interventions de Kiki Smith ponctuent ces poèmes dans un univers où corps, nature et cosmos rencontrent l'esprit du surréalisme. Kiki Smith, artiste mondialement reconnue, exposée dans les plus grands musées. En 2019, la Monnaie de Paris lui a consacré une exposition qui a obtenu un large succès de public et de critique. Elle était l'invitée de l'agenda Pléiade 2024. Titre publié à l'occasion du centenaire de la parution du premier Manifeste du Surréalisme d'André Breton.
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Une saison en enfer : 1873
Patti Smith, Arthur Rimbaud
- Gallimard
- Blanche
- 28 Septembre 2023
- 9782072995736
Photographies, écrits, dessins de Patti Smith
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« Quand venait l'heure de nous coucher et de nous mettre en pyjama, notre père restait près de nous et nous apprenait à disposer nos vêtements dans l'ordre très exact du rhabillage. Il nous avertissait, nous savions que la cloche de la porte extérieure nous réveillerait en plein sommeil et que nous aurions à fuir, comme si la Gestapo surgissait. "Votre temps sera chronométré", disait-il, nous ne prîmes pas très longtemps la chose pour un jeu. C'était une cloche au timbre puissant et clair, actionnée par une chaîne. Et soudain, cet inoubliable carillon impérieux de l'aube, les allers-retours du battant de la cloche sur ses parois marquant sans équivoque qu'on ne sonnait pas dans l'attente polie d'une ouverture, mais pour annoncer une brutale effraction. Sursaut du réveil, l'un de nous secouait notre petite soeur lourdement endormie, nous nous vêtions dans le noir, à grande vitesse, avec des gestes de plus en plus mécanisés au fil des progrès de l'entraînement, dévalions les deux étages, sans un bruit et dans l'obscurité totale, ouvrions comme par magie la porte de la cour et foncions vers la lisière du jardin, écartions les branchages, les remettions en place après nous être glissés l'un derrière l'autre dans la protectrice anfractuosité, et attendions souffle perdu, hors d'haleine. Nous l'attendions, nous le guettions, il était lent ou rapide, cela dépendait, il faisait semblant de nous chercher et nous trouvait sans jamais faillir. À travers les branchages, nous apercevions ses bottes de SS et nous entendions sa voix angoissée de père juif : "Vous avez bougé, vous avez fait du bruit. - Non, Papa, c'est une branche qui a craqué. - Vous avez parlé, je vous ai entendus, ils vous auraient découverts." Cela continuait jusqu'à ce qu'il nous dise de sortir. Il ne jouait pas. Il jouait les SS et leurs chiens. » Écrits dans une prose magnifique et puissante, les Mémoires de l'auteur de la Shoah disent toute la liberté et l'horreur du XXe siècle, faisant du Lièvre de Patagonie un livre unique qui allie la pensée, la passion, la joie, la jeunesse, l'humour, le tragique.
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Pourquoi elle ?Pourquoi une biographie de Jacqueline de Ribes ?Je ne m'étais intéressée jusque-là qu'à des vies dont l'art était le coeur battant. Des vies dont l'essentiel fut de peindre, écrire ou sculpter.C'est sa propre vie qui est l'oeuvre de Jacqueline de Ribes. Une vie qu'elle a magnifiée, sublimée, mais qui garde à mes yeux sa part de mystère.Quelle femme et quels secrets se cachent derrière la légende de papier glacé ?Figure de la jet-set des années soixante. L'un des «Cygnes» préférés de Truman Capote et de Richard Avedon. Amie d'Yves Saint Laurent et de Luchino Visconti. Elle est devenue une icône du style et un symbole de l'élégance française. Une reconnaissance mondiale illustrée, en 2015, par une magistrale exposition au Metropolitan Museum de New York. Son visage a été projeté en pleine lumière sur l'Empire State Building.Ce destin, qui voit s'achever l'ancien monde et apparaître de nouveaux codes, des innovations stupéfiantes, j'ai tenté d'en déchiffrer l'énigme.D. B.
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Le réalisateur de grands films tels que Au hasard Balthazar, Pickpocket, Procès de Jeanne d'Arc, Lancelot du Lac, rassemble dans ce volume ses notations de travail qui témoignent de son expérience à l'égard d'un art assez multiple pour s'offrir à une exploration sans fin. Pendant près de vingt-cinq ans, Robert Bresson a noté, pour lui-même et pour nous autres, les idées que lui apportait son métier. Il oppose notamment le cinématographe, écriture d'images et de sons formant un texte visuel et auditif, au cinéma qui reste, selon lui, du théâtre filmé. Il s'explique aussi sur les rapports qui l'unissent à ses modèles et non à des acteurs reconnus, prêtant à la recherche des visages, des corps, une gestuelle appartenant au star-system dont il nie l'efficacité. Ce recueil d'aphorismes lapidaires, de réflexions prises au vol en cours de tournage ou de montage de tant d'oeuvres libres, originales et fortes, est passionnant aussi bien pour le professionnel du septième art que pour tout intellectuel en quête d'approfondissement de la pensée et des sens.
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Dans cet ouvrage, Jean Clair a réuni textes et souvenirs sur les nombreux artistes qui furent ses amis et qu'il a soutenus tout au long de sa carrière d'historien de l'art, de directeur de musée, d'écrivain, d'essayiste, de polémiste. Sont évoqués aussi d'autres amis, liés à l'art d'une façon ou d'une autre. Ce choix permet de donner un panorama de l'art des cinquante dernières années, en particulier les nombreux artistes figuratifs que l'auteur a ardemment défendus et avec lesquels il a toujours dialogué. Parmi eux, Avigdor Arikha, Francis Bacon, Balthus, Henri Cartier-Bresson, Lucian Freud, David Hockney, Zoran Music ou encore Sam Szafran. C'est un livre de souvenirs qui insiste sur la complicité qui a réuni toutes ces figures essentielles de l'art et de la culture autour de Jean Clair. Il y en a vingt-six, qui se suivent par ordre alphabétique, de Pierre Alechinsky à Xavier Valls. Dans ce recueil à l'érudition généreuse, chaque texte semble écrit dans l'instant et fait revivre une amitié rare.
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«Francis Bacon incarne, plus que tout autre artiste, "la" peinture. Il est l'homme le plus extraordinaire qu'il m'ait été donné de connaître. Dans les années 1980, je l'ai rencontré à plusieurs reprises. À Londres, tout d'abord, dans son atelier de South Kensington, puis en diverses occasions, lors de ses passages à Paris. Nous conversions aussi parfois au téléphone, tôt le matin. Il parlait en toute liberté, sans tabou, de tout et de choses sans importance. Bacon adorait parler, parler l'excitait.
Je l'observais, l'enregistrais, prenais des notes, rien ne le gênait.
Rendez-vous dans son atelier, dans les restaurants, les bars londoniens ou parisiens, de jour comme de nuit, à discuter, boire, manger, jouer : ce livre retrace ces moments rares partagés avec Bacon, joyeux nihiliste, et éclaire l'homme exquis qu'il fut, loin de sa réputation de "monstre"».
Franck Maubert.
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Nous sommes dans une pièce de théâtre. On y tourne un film sur le Bartleby de Melville. Tous ceux que réunit le tournage ont une raison puissante et personnelle de participer à cette création.Ainsi Daniel Pennac nous invite-t-il, en rapprochant la figure de son propre frère de celle du fameux scribe, à visiter les coulisses du théâtre, du cinéma et l'atelier d'un grand écrivain.
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Les jeux et les hommes ; le masque et le vertige
Roger Caillois
- Gallimard
- Blanche
- 15 Janvier 1950
- 9782070211531
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Auteur d'une vingtaine d'ouvrages, Jean d'Ormesson se retourne sur son passé et sur une vie déjà longue. Comme chacun d'entre nous, il a été emporté par un temps qui invente tout avant de tout détruire. Il a vécu dans un des siècles les plus sanglants de l'histoire. Il a assisté au triomphe d'une science porteuse désormais d'autant de craintes que d'espérances. Il a essayé d'être heureux dans un monde où le mal se mêle inextricablement à la recherche du bonheur. Sur cette terre périssable, il a aimé les livres, les femmes et les bains de mer. Les livres ont été la grande affaire de son existence passagère dont il parle avec distance et gratitude. Gratitude envers qui ? Émerveillé par le jeu sans trêve du hasard et de la nécessité, enchanté par un monde qu'il a parcouru d'un bout à l'autre (avec une préférence pour la Méditerranée), il croit à un ordre des choses dont il ignore le sens. Avec une allégresse ironique et un peu mélancolique, il communique au lecteur trois sentiments qu'il éprouve avec force : la stupeur devant l'univers, l'effroi devant l'histoire, la ferveur devant la vie.
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Quelques pas dans les pas d'un ange
David McNeil, Marc Chagall
- Gallimard
- Blanche
- 24 Novembre 2022
- 9782073004628
«Je voudrais ici simplement parler de ces moments intenses passés avec mon père, Marc Chagall, cet homme aux facettes multiples que le monde entier appelait souvent Maître mais que moi j'appelais simplement papa, et sans chronologie, encore moins une quelconque prétention historique, partager ces trop rares et précieux souvenirs, ces instants de joie, ces heures enchantées que j'ai pu passer avec ce père aimant, ce poète-magicien, cet ouvrier mystique de notre usine à rêves.»Dans cette édition revue, augmentée et illustrée, David McNeil montre pour la première fois des peintures et dessins méconnus de Marc Chagall issus de sa collection personnelle.
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Il y a beaucoup de façons de lire ce livre.Il peut apparaître, successivement et au choix, comme un aperçu de la carrière de Chateaubriand, comme une étude sur Hortense Allart, comme une contribution à la vie et à l'oeuvre de Julien Pontarlier. Comme un roman d'aventures, comme un roman policier, comme un roman d'espionnage. Comme une sorte de poème en prose sur les problèmes les plus généraux. Comme une histoire d'amour. Comme une quête des origines, comme une introduction à l'eschatologie. Comme plusieurs autres ouvrages encore et, en fait, comme presque tous, ou plutôt comme tous, que la seule idée de Dieu suffit d'ailleurs largement à couvrir et à justifier. À plusieurs égards et à l'extrême rigueur, comme une autobiographie, non seulement de l'auteur, ce qui est assez courant, mais chose plus rare, du lecteur.Enfin, pour ceux qui, sous un prétexte ou un autre, ne pourraient - ou ne voudraient - pas lire ce livre sur «Dieu, sa vie, son oeuvre», le spectacle de la nature, la vie quotidienne, l'histoire le remplaceraient sans trop de peine.
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Nouvelle édition en un volume
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Le trottoir au soleil s'inscrit dans la lignée des textes brefs, La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules, La sieste assassinée, Dickens, barbe à papa et autres nourritures délectables. qui ont fait le succès de Philippe Delerm. Avec la même minutie que dans les recueils précédents, il évoque ces petits éclats de vie qui font la trame des jours heureux : le miroitement du soleil sur l'eau, les moments passés avec un enfant, les arrivées à Paris sous la verrière de la gare Saint-Lazare.
Ce nouveau recueil marque cependant une inflexion par rapport aux précédents : une incursion discrète vers l'intime, un balancement entre le « on » et le « je », un effet de miroir subtilement nostalgique à propos du temps qui passe. Le rythme, aussi, diffère : régulièrement, un texte plus développé vient ponctuer le recueil, lui apporter la dimension de la réflexion. Mais sans gravité inutile : comme le titre l'indique, tout l'ouvrage se place sous le signe du côté ensoleillé de l'existence, de cette lumière solaire seule capable de transfigurer le moindre détail pour en faire un instant parfait.
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Après Un amour de Swann orné par Pierre Alechinsky, les Éditions Gallimard donnent carte blanche à un artiste qui a choisi d'investir l'univers de William Shakespeare. «Être ou ne pas être, nous dit Aki Kuroda, est une phrase qui a habité mon enfance sans que je ne connaisse vraiment son contexte». Adulte, il a développé une véritable passion pour ce texte du dramaturge anglais qui a été une véritable source d'inspiration. «Il s'agit d'un véritable travail de collaboration avec Shakespeare qui va au-delà du temps et de l'espace.» «J'ai téléphoné à William et nous en avons parlé» explique-t-il.
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«J'ai passé avec Chopin plus d'heures que je n'en ai passé avec aucun auteur», confiait André Gide à une jeune pianiste en janvier 1951. Pianiste lui-même, et fin musicologue, l'écrivain avait à coeur de restituer Chopin à ses contemporains, tant il sentait que l'interprétation qu'en donnaient certains virtuoses de son temps en voilait les accents singuliers et contrevenait à son chant le plus intime. Il fallait revenir aux oeuvres, à leurs «intentions». C'est comme critique qu'il choisit de faire part de sa «lecture» de Chopin, en proposant un fructueux rapprochement entre le compositeur des Scherzos et le poète des Fleurs du Mal. Gide se souvenait de ses années de jeunesse, où Baudelaire et Chopin étaient tenus l'un et l'autre pour infréquentables, et leurs oeuvres pour également «malsaines». Mais qu'avaient-elles vraiment en commun qui pût laisser craindre un tel ravissement des esprits ? N'était-ce pas à leur égale perfection que l'on devait ce «secret d'émerveillement auquel l'âme aventureuse s'expose sur des chemins non tracés d'avance» ? Il s'agissait dès lors que les interprètes ne vinssent pas gâter, par trop d'assurance, la «révélation» Chopin, cette pure disponibilité à l'inouï que recèle l'écriture. Les Notes sur Chopin ont paru en 1931 dans La Revue Musicale.
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In girum imus nocte et consumimur igni ; ordures et décombres
Guy Debord
- Gallimard
- Blanche
- 12 Octobre 1999
- 9782070756797
Le 1?? janvier 1977, Guy Debord signait un contrat avec la société Simar Films pour la réalisation d'un long métrage en 35 mm, en noir et blanc, d'une durée de 90 mn. Il y était stipulé, d'entrée : «Il est entendu que l'auteur accomplira son travail en toute liberté, sans contrôle de qui que ce soit, et sans tenir compte de quelque observation que ce soit sur aucun aspect du contenu ni de la forme cinématographique qu'il lui paraîtra convenable de donner à son film.» Le titre même du film ne fut révélé qu'une fois celui-ci réalisé. C'est ainsi que procédait Guy Debord, suivant toujours «un principe naturellement peu favorable à la spéculation fiancière», et ses producteurs ne s'en plaignirent point.Les media, eux, au nom d'un public autrement malmené, regimbèrent. Ordures et décombres déballés à la sortie du film «In girum imus nocte et consumimur igni», qui paraissait en 1982, sans le moindre commentaire (et que nous reprenons en l'augmentant de deux articles), a fait état des diverses réactions, peu variées, de la presse.Face au mur d'incompréhension plus ou moins feinte et aux interprétations erronées, Guy Debord jugea utile en 1990 de publier une édition critique du texte de son film. C'est ce texte que nous donnons ici à relire. Il est suivi d'une note inédite, datée du 22 décembre 1977, qui donne à voir les images, la poésie et le sens profond qui tissent la trame d'un film dont le thème tourne autour de «la vie réelle».
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«Braque est patient. Son visage, si humble qu'il semble avoir vu la paix. Mais l'épaule est d'un bûcheron ; et la taille d'un géant. "Il faut avoir le temps, dit-il, d'y songer." En effet, il s'assoit. Puis : "Quand j'étais jeune, je n'imaginais pas que l'on pût peindre sans modèle. Ça m'est venu peu à peu. Faire un portrait ! Et d'une femme en robe de soirée, par exemple. Non, je n'ai pas l'esprit assez dominateur." Il s'explique : "Le portrait, c'est dangereux. Il faut faire semblant de songer à son modèle. On se presse. On répond avant même que la question soit posée. On a des idées." Les idées, pour Braque, ce n'est pas un compliment. Quand les gens disent d'un peintre qu'il est intelligent, méfiance.»
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Présenté dans un ordre chronologique, l'ensemble des critiques d'art d'Apollinaire permet de se former un jugement indépendant sur ses idées esthétiques, sa compétence et son rôle dans le développement de l'art moderne. En outre, ses écrits, en tant que chroniques, nous font revivre jour par jour l'époque la plus animée, la plus hérodque du XXe siccle.
Les textes s'échelonnent de 1902 ´r 1918. On y découvre constamment un grand esprit, un grand pocte et un homme de go"ut, ce qui n'empeche nullement le piquant, la fraîcheur et l'imprévu. La critique de Guillaume Apollinaire, en effet, était souvent subjective, impressionniste ; il n'hésitait pas ´r dire avec candeur : TJ'aime ce tableaut, ou : TJe trouve ce tableau détestable.t ´R l'analyse rigoureusement intellectuelle, il préférait l'impression lyrique, et Tson génie de critiquet, comme l'a remarqué André Salmon, Tétait inséparable de son génie de poctet.
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Entre septembre et novembre 2014, Bettina Rheims, encouragée par Robert Badinter, photographie des femmes incarcérées au sein de quatre établissements pénitentiaires français. Cette série intitulée «Détenues» rassemble plus d'une soixantaine de portraits, reproduits dans cet ouvrage. Ce travail photographique s'inscrit pleinement dans le cadre des recherches que mène Bettina Rheims depuis plus de trente-cinq ans en explorant de multiples angles et territoires, en questionnant les conventions et les a priori pour interroger la construction et la représentation de la féminité. Après avoir photographié ses modèles, célèbres ou inconnues, dans des lieux fermés, souvent exigus, Bettina Rheims a souhaité aller à la rencontre de femmes contraintes à vivre dans ces lieux de privation de liberté pour essayer de comprendre leur quotidien, de quelle manière elles imaginaient leur féminité loin des leurs, dans des conditions matérielles
difficiles. Pour les séances de pose, chaque établissement a mis à disposition une pièce qui est devenue le temps du projet un studio improvisé. Chacune des modèles avec l'autorisation préalable de l'administration pénitentiaire et celle du juge d'application des peines, s'est présentée au studio. Pour se faire coiffer et maquiller si elle le désirait. Retrouvant ainsi un peu de cette estime de soi, bien souvent égarée dans ces lieux de détention où rien n'est fait pour elles. Le texte «Fragments» est une fiction construite à partir de souvenirs de ces rencontres. Le récit d'une attention davantage portée sur les émotions suscitées par ces femmes que sur des propos qui auraient été entendus. -