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Prisonnier des nazis, Monsieur B., en dérobant un manuel d'échecs, a pu, à travers ce qui est devenu littéralement une folle passion, découvrir le moyen d'échapper à ses bourreaux. Libéré, il se retrouve plus tard sur un bateau où il est amené à disputer une ultime partie contre le champion Czentovic. Une partie à la fois envoûtante et dérisoire...
Quand ce texte paraît à Stockholm en 1943, Stefan Zweig, désespéré par la montée et les victoires du nazisme, s'est donné la mort l'année précédente au Brésil, en compagnie de sa femme. La catastrophe des années quarante lui apparaissait comme la négation de tout son travail d'homme et d'écrivain. Le joueur d'échecs est une confession à peine déguidée de cette désespérance.
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Dans ce bouleversant roman dont la violence et l'érotisme sont constamment maîtrisés par la prodigieuse tendresse du poète (et l'humour du vieux sage rebelle qui sait refuser l'amertume pour n'en crier que mieux son indignation), James Baldwin nous entraîne de New York à Abidjan, de Paris au coeur du sud des Etats-Unis, dans un vertigineux voyage ruthmé par les cadences et les cris poignants du gospel, à travers la passion des hommes et la cruauté d'un monde pas encore réconcilié avec tous ses enfants. Dans le Harlem des années 50, se nouent les destins de quatre adolescents : Julia, l'évangéliste enfant, Arthur, la vedette des "Trompettes de Zion", Jimmy, le petit frère souffre-douleur de Julia, Hall, l'aîné d'Arthur, qui s'apprête à partir pour la Corée...
Trente ans après, dans une sorte d'effort pour se réconcilier avec la récente mort d'Arthur, Hall entreprend de remonter le cours du temps et de découvrir, à travers ses souvenirs û et la souffrance qu'est la mémoire û l'inéluctable et folle logique qui a conduit la vie de ces êtres remarquables, liés à tout jamais...
L'art de Baldwin atteint ici un sommet.
Né à Harlem en 1923, mort à Saint-Paul-de-Vence en 1986, James Baldwin a laissé une oeuvre considérable de romancier, mais aussi de grand polémiste. Harlem quartet y tient une place d'exception.
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Elles sont trois, ces dames de la famille Kimoto, avec leurs amours, leurs passions, leurs drames qui nous racontent le destin de la femme japonaise de la fin du xixe siècle et aujourd'hui.
Toyono, la grand-mère, incarne la tradition, immuable, ancestrale ; Hana, figure centrale du roman, va se trouver déchirée entre le passé et ses aspirations personnelles avant de devoir affronter la génération montante en la personne de Fumio, sa fille, qui, après de violents conflits, saura prendre des temps anciens et des temps nouveaux ce qu'ils ont de meilleur.
Il y a dans ce trés beau roman, qui a connu un prodigieux succés au Japon, un souffle de vie, une émotion réelle qui ne se démentent jamais.
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L'histoire d'une liaison, source de passion, de rupture et de mort, racontée à travers trois lettres inoubliables dans un style glacé et brûlant qui fait de ce court roman un chef-d'oeuvre universel.
Poète, nouvelliste et romancier, Yasushi Inoué (1907-1991) restera sans doute le plus grand et le plus populaire écrivain japonais de son temps. Son oeuvre, d'une richesse exceptionnelle, aborde tour à tour avec le même bonheur toutes les formes de l'écriture. Depuis la parution, voici près de trente ans, du Fusil de chasse, elle a connu en France un succès qui ne s'est jamais démenti. -
Danny n'oubliera pas l'année de ses neuf ans.
Il n'a ni mère ni frère ni soeur mais un père qui les remplace tous. William sourit avec les yeux plutôt qu'avec la bouche, la preuve qu'il n'est pas loin d'être l'homme le plus merveilleux que la Terre ait jamais porté.
L'existence de Danny et William est un jeu, une fantaisie qu'anime chaque jour sans temps mort ce père héroïque. Dans leur roulotte de gitans que jouxtent la station-service et le pré, Danny sirote les chocolats chauds du soir et écoute les histoires de William, surtout celle du Grand Gentil Géant, qui conditionne minutieusement la poudre des rêves distillés aux enfants endormis.
À neuf ans, Danny sait moins poser une division ou conjuguer un verbe que conduire une Austin Baby. Il répare les moteurs, fabrique des montgolfières et des cerfs-volants. Mais ça, ses copains ne le savent pas, car Danny n'aime rien tant que passer tout son temps libre seul avec son père.
Il l'ignore encore, mais il s'apprête à partager avec lui un secret que peu de garçons sauraient porter.
Le bois du riche Hazell est le lieu d'obscures activités nocturnes. Découvrant une nuit que son père se livre avec frénésie au braconnage, Danny va vouloir à tout prix être initié. Il retiendra les leçons et les techniques de la capture des bêtes sauvages en terre prohibée, et mettra au point une ruse inédite qui fera de lui le champion du monde en la matière. La mission « Belle au bois dormant » va offrir l'occasion à Danny et à son père, soutenus par le médecin du village, le gendarme et même l'épouse du pasteur, de faire voler en éclats le rendez-vous mondain - une partie annuelle de chasse au faisan - orchestré par l'odieux Mr Hazell. Et de faire toujours de leur quotidien une succession ininterrompue de bonheurs.
Roald Dahl, l'auteur préféré de beaucoup d'enfants parce que profondément proche d'eux, déclarait : « Si vous voulez vous souvenir de ce que c'est que de vivre dans un monde d'enfant, vous devez vous baisser sur vos mains et vos genoux, et vivre ainsi durant une semaine. Vous vous rendrez compte que vous devez regarder ces géants autour de vous qui vous disent toujours ce qu'il faut ou ce qu'il ne faut pas faire. » Avec Danny champion du monde, initialement publié en 1975, il pose un regard empreint d'une immense tendresse sur la relation si singulière qui lie un père à son enfant. -
Le tour d'écrou est sans doute le plus célèbre des récits de Henry James. Récit, c'est-à-dire plus qu'une nouvelle et moins qu'un roman : l'exacte mesure pour mener à son terme la plus perfide stratégie narrative qu'on puisse imaginer.
Car que raconte Le tour d'écrou ? L'histoire de deux enfants que viennent hanter sous les yeux désespérés d'une jeune gouvernante impuissante les fantômes dépravés qui se jouent de leur innocence envoûtée ? Ou l'histoire d'une jeune femme qu'un mélange d'éducation rigoriste et de vagues rêveries sentimentales mène à la névrose hallucinatoire, et que l'obsession du mal - on voudrait que l'anglais permît le même jeu de mots que le français - conduit à un délire où un garçon de dix ans trouve la mort ? Histoire de fantômes ou histoire de fantasmes ?
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Depuis sa plus tendre enfance, Émile Sinclair est partagé entre le monde familier et ordonné de sa famille bourgeoise, dont les valeurs sont l?amour, le respect et le devoir, et l?« autre côté », l?univers cru et violent des petites gens, des voleurs et des prostituées. À l?école, il fait la rencontre d?un individu qui va bouleverser sa vie : Max Demian, un être mystérieux au charisme envoûtant qui semble venu de nulle part. Le jeune homme enseigne à Sinclair, sur le front duquel il reconnaît le signe de Caïn ? la marque de la rébellion ? à ne pas suivre l?exemple de ses parents, à se révolter pour se trouver, à traverser le chaos et la solitude pour mériter l?accomplissement de sa propre destinée. En véritable libérateur, il montre à Émile Sinclair le chemin à suivre pour parvenir à soi-même.
Écrit en 1919, Demian tente de répondre à la question suivante : comment l?homme peut-il échapper au monde des miroirs et parvenir à être lui-même ? Roman à l?atmosphère sombre, hanté par des personnages sulfureux et inquiétants, il raconte la difficulté d?être un et unique face à la multitude. Une exaltation de l?adolescence et de la transgression. -
Nietzsche est l'un des trois essais biographiques écrit par Stefan Zweig en 1925. Il s'agit d'une interprétation personnelle mais argumentée de la vie du célèbre philosophe allemand. Les premières touches de ce portrait laissent entrevoir un être déraciné, quasi-aveugle, tourmenté par de violentes migraines et de terribles maux d'estomac, menant une existence solitaire dans des pensions sans nom. Mais ce quotidien austère, fait de souffrances, n'intéresse Zweig que dans la mesure où il est, selon lui, indissociable du cheminement intellectuel de Nietzsche.
En effet, si la condition physique du philosophe a influencé sa réflexion, lui soufflant des concepts aussi fondamentaux que la volonté de puissance, sa pensée a en retour façonné sa manière d'être au monde. Relativiste, amoral, Nietzsche l'a été jusque dans sa vie, dans ses rapports à autrui. Mû par une passion excessive de la vérité qui excluait toute concession, laissant sans cesse derrière lui ses croyances perdues, le philosophe est allé jusqu'à sacrifier ses amitiés au nom de son insatiable besoin de connaissances et de nouveauté. Cette course vers l'abîme, Stefan Zweig en exprime toute la profondeur, toute la beauté à travers les événements et les oeuvres qui jalonnent la vie de Nietzsche.
Traduit de l'allemand par Alzir Hella et Olivier Bournac -
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Quand Jenny, roman largement autobiographique, parut en Norvège en 1911, il souleva des controverses interminables et passionnées. Le problème de la liberté, des libertés de la femme, est posé ici avec une netteté, une franchise telles, certains détails y sont souvent si crus que, même en France, quand Jenny fut traduit en 1929, un "avertissement de l'éditeur" prévenait que cette lecture "n'était pas faite pour des jeunes gens en crise" A travers l'histoire de Jenny, jeune artiste norvégienne venue à Rome pour y étudier, fiancée sans conviction à l'un de ses camarades, et qui brave tous les tabous, tous les interdits, pour connaître la passion auprès du père de son fiancé, Sigrid Undset posait la question de savoir si on doit appeler "immoralité" le mépris des conventions religieuses et sociales, et la soif d'absolu. Elle mettait impitoyablement au jour les entraves dressées devant une femme en lutte contre les préjugés qui l'accablent mais épargnent son partenaire. Ce livre admirable reste aujourd'hui un des plus grands romans féministes de notre époque - et puis, tout simplement, un grand roman d'amour.
Née en 1882, Sigrid Undset s'est consacrée très tôt à la littérature et a connu rapidement le succès.
Citons parmi ses oeuvres les plus célèbres Printemps, Maternités, Vigdis La Farouche et surtout Christine Lavransdatter, son chef-d'oeuvre (tous publiés en France aux Edition Stock). Lauréate du Prix Nobel de littérature en 1928, Sigrid Undset est morte à Lillehammer en 1949.
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Médecin anglais spécialiste de Flaubert, Geoffrey Breathwaite découvre dans un recoin du musée Flaubert, à Rouen, le perroquet empaillé qui inspira à Louise, la vieille servante de Un coeur simple, une étrange passion. Mais à Croisset, la propriété de famille des Flaubert, se trouve un second perroquet avec les mêmes prétentions à l'authenticité. Où est le vrai perroquet, qui est le vrai Flaubert, où est la vérité de l'écrivain ? Si rien n'est certain, l'inspecteur Barnes, au bour de son éblouissante enquête littéraire, démontre néanmoins, avec élégance et humour, que la seule chose importante, c'est le texte...
Né à Leicester en 1946, Julian Barnes est l'auteur de plusieurs romans et essais. Le perroquet de Flaubert (Prix Médicis étranger) a été traduit dans le monde entier.
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Au tribunal de mon père
Isaac Bashevis-Singer
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- Bibliotheque Cosmopolite
- 1 Septembre 2000
- 9782234047075
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La vie et l'oeuvre du compositeur Foltyn
Karel Capek
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- Bibliotheque Cosmopolite
- 1 Septembre 2000
- 9782234022683
Quel est donc le drame de celui qui se prétend "le compositeur Foltyn" ? D'être en réalité incapable d'écrire une note, ou presque. Pendant des années, il va abuser son entourage avec Judith, l'opéra qu'il affirme avoir en chantier, alors qu'il s'agit d'une monstruosité faite de pièces et de morceaux, plagiats, contrefaçons et vols. Mais il faudra bien un jour reconnaître que cette oeuvre n'a jamais existé et que depuis le début de sa "carrière", il a progressé sur l'échelle artistique et sociale uniquement grâce au mérite des autres. Comment un homme peut-il se résoudre à un tel aveu oe C'est à travers le regard et les souvenirs de ses proches, de ses amis et de ses rivaux que nous est présenté Bedrich Foltyn, le triste héros du roman posthume de Karel Capek. Comme on assemblerait une mosaïque, l'auteur livre par morceaux parfois complémentaires, souvent contradictoires, les éléments de son histoire et de sa personnalité, à charge pour le lecteur, totalement fasciné, d'en faire un tout.
Karel Capek est né à Statonovice en 1890 et est mort à Prague en 1938. Maître de la prose tchèque moderne, il est l'auteur de plusieurs ouvrages de science-fiction (pour lesquels il inventa le mot "robot", créé à partir du radical du verbe slave signifiant "travailler"), des recueils de contes, de pièces de théâtre et de romans. La vie et l'oeuvre du compositeur Foltyn a été publié après sa mort, en 1939, et n'avait pas encore été édité intégralement en France.
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Ennemies, une histoire d'amour
Isaac Bashevis-Singer
- Stock
- Bibliotheque Cosmopolite
- 2 Décembre 1998
- 9782234050631
« Au commencement était la luxure », pense Herman Broder, le héros d'Ennemies.Est-ce là le thème d'une histoire d'amour qui n'est pas tout à fait comme les autres ? Broder a perdu sa famille dans l'holocauste en Pologne ; il a échappé à la mort, vivant pendant deux ans caché dans un grenier à foin. Il habite maintenant un appartement à Brooklyn et vit avec sa seconde femme, Yadwiga, la petite paysanne qui l'a sauvé. Il entretient également une liaison avec la belle Masha, qui vit séparée de son mari et dans l'attente des visites de son amant. Herman a fait croire à Yadwiga qu'il était représentant en librairie, et devait donc souvent s'absenter, alors qu'en fait il gagne sa vie en écrivant pour le compte d'un riche rabbin. Un beau jour, Herman apprend que sa première femme, Tamara, a survécu et qu'elle est en Amérique à sa recherche. Bientôt, les trois femmes apprennent la vérité sur le rôle qu'elles jouent dans la vie du héros. Il faut arriver à une solution. Chacune s'ingénie à en imaginer une. Seul, Herman n'en trouvera aucune...Traduit de l'anglais par Gilles ChahineAvec la collaboration de Marie-Pierre Bay
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La légende de Gösta Berling
Selma Lagerlöf
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- Bibliotheque Cosmopolite
- 1 Septembre 2000
- 9782234046368
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D.H. Lawrence se serait exclamé en 1910 : "Si les Anglais n'aiment pas ce que j'écris, j'irai m'installer en France et j'écrirai pour les Français !" Et c'est un fait que si, dès cette époque, on reconnaissait son génie en Angleterre, Lawrence gênait ; il dérangeait la bonne société, les lecteurs et les critiques.
Le succès de mauvais aloi de L'Amant de Lady Chatterley allait contribuer à donner de lui la fausse image d'un satyre barbu ou d'un puritain hypocrite, alors que peu de gens avaient seulement ouvert ce roman dont l'édition n'avait pu se faire en Angleterre, mais qu'on traitait tout de même allégrement de "livre le plus sale de la littérature". Toutefois, on n'était pas davantage prêt à apprécier Lawrence en France. Le renard, son premier texte traduit, ne l'a été qu'en 1928, deux ans tout juste avant sa mort à Vence à l'âge de quarante-cinq ans.
Aujourd'hui, D.H.Lawrence est sorti de son purgatoire pour être reconnu comme l'un des plus grands auteurs du XXe siècle. Pour beaucoup -Anaïs Nin et Henry Miller entre autres - il est le plus grand visionnaire de notre époque. On retrouve, dans Le renard, qui date de 1917, tous ses thèmes essentiels : le retour aux sources, la recherche de l'harmonie naturelle du corps et de l'esprit, et la certitude qu'une sexualité assumée et reconnue, au même titre que nos autres pulsions, rendra à l'homme ses pleins pouvoirs. Ce texte bref et dense qui contient peut-être ses meilleures pages narratives est, sans conteste, l'un de ses chefs-d'oeuvre.
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Les papiers de Jeffrey Aspern
Henry James
- Stock
- Bibliotheque Cosmopolite
- 25 Février 1999
- 9782234051331
Le secret. La mort. Ces sont sans doute les deux clés de toute l'oeuvre de Henry James. En ce sens, Les Papiers de Jeffrey Aspern est peut être le plus exemplaire de ses romans. Dans un palazzo de Venise, à moitié en ruine, la vieille miss Bordereau n'en finit pas de mourir. Elle a été, dans sa jeunesse, le grand amour de Jeffrey Aspern, célèbre poète anglais, et la rumeur veut qu'il lui ait légué de nombreux manuscrits inédits. Le narrateur, qui écrit un livre sur Aspern, est prêt à tout pour les acquérir. Prêt a tous les mensonges, toutes les bassesses, toutes les ruses, y compris tenter de séduire la malheureuse nièce de la vieille dame. Mais il n'a pas mesuré la force de celle qui, au fil des pages, devient peu à peu le plus redoutable des adversaires.
On a souvent considéré ce livre envoûtant comme un des ancêtres du roman "à suspense", où le secret à préserver est aussi d'ordre mental. Tout l'amour, toute la vie d'un être se jouent en quelques instants dans le silence. Et puis le silence se brise et, avec lui, la vie de celui qui le gardait.
Henry James est né à New York en 1843 dans une vieille famille de négociants et de lettrés. Après des études à New York, Londres, Paris, Genève, il entre à Harvard, n'y termine pas son droit et commence très vite à publier des nouvelles dans divers journaux. En 1875, il s'installe à Paris où il rencontre Tourgueniev et Flaubert ; puis, en 1876, il choisit de vivre en Angleterre. En 1915, désespéré par l'indifférence de son pays qui n'est pas encore rentré en guerre pour sauver la vieille Europe, il renonce à la citoyenneté américaine et meurt en 1916, citoyen britannique.
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Le 1er août 1902, Rilke écrivait à Rodin : "En lisant pour la première fois Niels Lyhne, je me proposai de chercher l'auteur et de faire tout pour devenir son ami. C'était un livre inoubliable". Mais J. P. Jacobsen était déjà mort depuis plusieurs années, "tué par les cruels climats de son sombre pays", le Danemark. C'est à cause de lui que Rilke écrivit alors les Cahiers de Malte Laurids Brigge.
Niels Lyhne, roman teinté d'autobiographie, est l'histoire d'un homme qui naît avec des dispositions au rêve et non à l'action. Ce qu'il rêve n'est pas impossible, il faudrait simplement que la réalité accepte de ressembler à son désir intérieur. Mais Niels Lyhne, âme trop grande pour sa vie, s'enferme dans le songe. Eperdument désireux d'aimer, il ne connaîtra que des aventures médiocres ou inachevées. Ambitieux, il ira d'échec en échec. Jacobsen a écrit son livre pour les hommes et les femmes qui lui ressemblent, un peu comme un guide amical. C'est l'histoire des êtres trop spiritualisés pour le monde où ils ont vécu et pour les amours dont ils ont souffert, "des âmes obscures et profondes que la destinée a enfermées dans un cycle de malheurs moyens", écrivait Edmond Jaloux dans la préface de l'édition française. Il plaçait Niels Lyhne aux côtés de Wilhelm Meister et de l'Education sentimentale, "un de ces livres qui touchent aux racines les plus sensibles de l'âme".
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Troie est tombée. Cassandre, fille de Priam et d?Hécube, captive d?Agamemnon, attend la mort devant les portes de Mycènes. Dans le souvenir des événements qui jalonnent la guerre de Troie, la prophétesse élucide le sens de son destin. Le récit et les prémisses qui l?introduisent constituent les cinq conférences de poétique données par Christa Wolf au printemps de 1982 à l?université de Francfort-sur-le-Main.
Ce livre connut un immense retentissement dans les deux Allemagne lors de sa parution, en 1983. Réinterprétant le mythe antique, Chista Wolf suscite, en une langue superbe, une réflexion sur le rôle de la femme dans l?Histoire ainsi que sur les mécanismes du pouvoir et de la guerre. Lire Cassandre aujourd?hui, quelques années après la chute du Mur, permet de mesurer à quel point cette oeuvre fut prémonitoire. -
Il a seize ans, il n?est qu?enthousiasme et joie de vivre. Il aime le football, les copains et? Maggie. Elle a dix-sept ans, de grands yeux de biche et elle l?aime aussi, son Jack. Enfin, elle l?aime bien. Mais elle est en train de découvrir avec ivresse le plaisir de séduire, le pouvoir d?un battement de cils, d?un sourire ou d?un balancement de hanches qui fait se retourner tous les garçons. Voilà, Jack et Maggie connaissent les premières extases et les premiers drames de la passion, comme on ne les connaît qu?à dix-sept ans. Et puis, il y a le temps qui passe, il y a les autres, il y a tout bêtement la vie ? tout ce qui risque de séparer deux gosses dont l?amour est fragile. Jack Duluoz ressemble comme un frère à Jack Kerouac, né lui aussi à Lowell, Massachusetts, où se situe Maggie Cassidy, un savoureux roman qui déborde de jeunesse et de vitalité. On y retrouve la prose spontanée, le style trépidant inspiré du jazz, la fulgurance des images qui firent la gloire de Kerouac et influencèrent toute la Beat Generation qui, dans les années 1950, révolutionna la littérature mondiale.
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Empruntant un masque masculin, la baronne Blixen avait d'abord publié les Sept Contes gothiques sous le nom d'Isak Dinesen en 1935. Les histoires qui composent ce recueil ne sont ni des contes bleus ni des aventures fabuleuses. En effet, situées dans le Danemark du XIXe siècle, leur arrière-plan historique et religieux n'a rien de fantaisiste, et les personnages qui les peuplent reflètent fidèlement les valeurs et les doutes de l'aristocratie de l'Ancien Régime : la crainte de Dieu, la religion de l'honneur, le goût de la terre et des traditions, le sens du destin. Mais la plume pleine de verve et d'imagination de Karen Blixen transfigure ce monde bien réel, et le fait basculer dans le romanesque et le fantastique. Après un raz de marée sur la côte danoise, une vieille demoiselle vierge et noble qui s'invente un passé de courtisane, un valet de chambre assassin déguisé en cardinal capable de faire des miracles, une jeune femme fugueuse et un garçon mélancolique, se réfugient dans un grenier en attendant la mort ou une barque libératrice. Une abbesse se change en guenon et commet des actes diaboliques. Deux vieilles filles aristocrates, restées vierges par amour pour leur bandit de frère, dînent en compagnie du fantôme de celui-ci. Voilà un aperçu de ces contes du clair-obscur, où le réel et le délire se fondent et se confondent, où d'étonnantes vieilles dames parlent un langage fait de folie et de raison. Avec une élégance désinvolte et une nonchalance unique, Karen Blixen offre au lecteur un inoubliable voyage onirique au pays d'Hamlet.